BESTIAIRE
Un survol des animaux de nos mythologies européennes :
attributs des Dieux et monstres fantastiques…


Quatrième partie : # 4/5 : de la Loutre à la Truie…



LA LOUTRE
ou “Chien d’eau”


L’étymologie “classique” (c’est à dire latino-centriste) la donne comme venant au XIIème siècle du latin lutra qui aurait éliminé les formes populaires lorre et leurre (l’autre mot “leurre” est un “appât”, du francique löder, de même sens !

          Mais, « Un certain nombre de noms gaulois – comme “outre”– ont été conservés en vieux français avec adjonction d’un article défini : l’outre s’est ainsi transformé en loutre. La langue gauloise qui avait évidemment les mêmes racines indo-européennes* que les langues germaniques s’est ainsi conservée dans certains noms de lieux comme pour le castor (beaver en anglais et Biber en allemand et à donné Bièvres, la Vallée de la Bièvre en Dauphiné, le Mont Beuvray, la Motte-Beuvron, la Besbre, etc. ) »

          Ce sont les loutres qui sont à l’origine de la légende du pseudo monstre du “Loch Ness” en Écosse. Quoique appartenant aux Chimères ou Monstres, nous ne le traiterons pas ici puisqu’un article est déjà paru sous le titre
“Loch Ness”. Il est donc accessible par le Bouton “autres articles” (déjà parus), sur notre Page d’Accueil ou par un Bouton au nom de Nessie dans le § Chimères, en fin de la partie # 4/5 de ce Bestiaire des Dieux…

          Précisons enfin que ces animaux : loutre, belette, hermine qui descendent sous terre pour débusquer le Rat dévoreur de récoltes et vecteur de la peste, étaient quasiment divinisés (cf. Apollon* Sminthex…)

          « Dans la mythologie indo-européenne* de l’Avesta, la loutre, le “Chien d’Eau”, figure au premier rang, avec la chienne et la femme, parmi les créatures les plus sacrées* d’Ahura Mazda. Une loutre naît de la réincarnation de mille chiens mâles et de mille chiens femelles. Tuer un “Chien d’Eau” est inexpiable et impossible à racheter. » Raimonde Reznikov, Les Celtes et le Druidisme, Dangles, 1994.

LE MERLE


          On dit toujours “Bavard comme un merle”… et même culotté ! C’est le compagnon du laboureur, lombrics et vers blancs : tout y passe, même les cerises !
          La forme française du nom de l’enchanteur (Ase) et bavard Merlin aurait-elle un rapport avec le merle ? En tout cas – est-ce une piste de recherche ?
          Chez nos lointains cousins Philistins, c’était à l'origine un dieu adoré sous la forme d'un homme à la tête et aux ailes de merle, le Dagon, un “boulanger infernal” (J.–P. Ronecker). On pensera à un parallèle avec le Picus des Piceniens (I)…
          L’Eglise* le diabolisa systématiquement…


 


          Compte tenu de l’importance de ce mythique cétacé par rapport au Légendaire de la Licorne*, et du fait que sa figure pourrait tout aussi valablement apparaître dans notre article Blasons*, le Narval* est étudié dans un article séparé ! Il est accessible soit par le Bouton “Autres Articles” de notre Page d’Accueil, soit en cliquant sur ce titre.




L’OIE

Étymologie : en latin anser (la “chair de poule” médicale s’appelle l’ansérine), en allemand ganse et en vieux français jante.
          L’Oie sauvage est migratrice, comme la grue sacrée, et elle est l’annonciatrice du retour de la vie, du soleil nouveau lors de l’aurore annuelle : elle semble bien être le substitut de la grue sacrée* et en est mythologiquement inséparable, tout comme le cygne et la cigogne d’ailleurs, question d’ethnie…
          L’oie a gagné sa réputation de druidesse initiatrice* en révélant le secret du fer aux atlantes* de l’âge du bronze : « Nos vieilles coutumes franques nous racontent que nos ancêtres réduisaient le fer (météoritique ou minerai)n en petits morceaux, le mélangeaient à du son, et le donnaient à manger à un troupeau d’oies soigneusement gardées. Leurs excréments, riches en fer et en azote, étaient utilisés pour forger leurs célèbres lames 1. » Duchaussoy, le Bestiaire divin.

Chez les Nordiques,
l’oie est vouée à Frau Hole/ Berchta (cf. art. Destin*) qui est d’ailleurs figurée avec des pattes d’oie : c’est donc une Reine Pédauque (en occitan : pé d’auca). Cette “patte d’oie” ou Rune* de vie (Alce) qui est la marque de Shiva, a vu son sens inversé par l’Église* qui l’utilisait comme marque 2 infamante : elle était apposée au fer rouge sur les hérétiques, les Caignards.


« Le dieu Égyptien de la Terre, Geb, dont l’hiéroglyphe 3 est dérivé de celui de l’oie sauvage, est souvent représenté avec une oie sur la tête, ou sous la forme d’un jars dont la femelle, l’oie fécondée, pond l’Œuf du Soleil. » J-P. Ronecker…

Folklore :
Elle est restée chez nos Bretons la “messagère” de l’autre monde et, au Pays de Galles, les cris des oies sont censés être ceux de Cwn Annw “les chiens courants des enfers” ou “ceux de la meute d’Arawn4 ” (Coun “chiens”).

Une grande partie de ces données appartient aussi à la Grue qui rassemble
l’essentiel de la symbolique de la famille de ces échassiers “conducteurs”…





L’OURS


Étymologie* :
de l'indo-européen *rksos. Grec arcas, arktos, d’autres mots parents sont : arc l’arme d’Artémis et de son frère Apollon, et le cercle des latitudes antiques (7ème arc/ septentrion, ou bien le 9ème, l’arctique ou cercle polaire boréal) ; Arcane, de arkhan “secret” : Archonte de arkhôn “chef” ; Archi, de arkhé “principe, degré extrême ; Archaïque “très ancien” ; arca, “coffre” a donné Arche ; et arx signifie “citadelle” : voilà un curieux et joli tir groupé, n’est-ce pas ?…
          
Latin ursus –> artos5, Mars était surnommé Artaïos “l’ours” (le “nordique”?)
          
Celtique Artos, Arth, en breton Arz, d’où artus, Arthur.
          
          N’ayant aucun rapport avec cette racine, on retrouve l’ours dans le mot allemand Bär et son ourson Bärlein qui à donné Berlin et Bern qui appartiennent au groupe des Bor, Burr (et Bouriates) racine de Dauer “paysan”, vus un peu plus loin. On doit aussi signaler ge-boren “naître”. En anglais bear, et aussi Teddy bear qui est leur “nounours”…

Symbole* : de la double fonction* royale et guerrière, que représente le roi Arthur, l’ours est l’emblème du pouvoir temporel et est le premier compagnon de la Déesse-Terre des civilisations sud européennes.



Dans l’archéologie :
l’ours était un commensal probable de l’homme depuis au moins Tautavel (450.000 ans) mais le culte de l’ours proprement dit n’est attesté que depuis le paléolithique moyen (25.000 ans à Pont d’Arc) :

          « Vraisemblablement, cet animal à la force tranquille a fait l’objet du tout premier culte religieux (…) Dans la grotte de Montespan (Pyrénées) c’est celui d’un ourson au pied d’une représentation picturale du même animal qui tient lieu d’objet cultuel. Certains scientifiques pensent que ces hommes voyaient là un ancêtre fondateur. Dans la vallée de la Vézère, à Montignac près de Lascaux, sur le site du Rigourdou, il est possible de visiter un gouffre où Roger Constant, l’inventeur et guide local vous parlera non sans malice du “trou du culte de l’ours. »
          « Le culte perdura chez nos ancêtres indo-européens* du néolithique et l’on peut en voir un témoignage dans une ancienne tradition des Aïnous, cette ethnie de race blanche d’origine caucasienne absorbée par le Japon et qui à fourni les premiers Samouraïs. Un ourson, né en février et capturé au mois de mai était ramené par chaque groupe au village. Il y était élevé comme un membre de la famille, allaité par les femmes. Devenu adulte, il était mis en cage puis sacrifié l’hiver venu en même temps que ceux des autres groupes (au Solstice d’Hiver)n. On mettait ensuite son crâne sur la palissade sacrée.
          « Les Vikings continuèrent à lui vouer une grande dévotion. Tout naturellement l’élite guerrière chargée de la protection du chef se fit appeler Berserkir, littéralement “chemise ou tunique d’ours”. Ces guerrier fauves, sous l’effet de la magie*, entraient dans une fureur sacrée à laquelle aucun ennemi ne pouvait résister. » Guillaume Saint Gal, La Maôve N° 22, revue des Oiseaux Migrateurd de Normandie.

          « L’Ours jouait un rôle essentiel dans les cérémonies paléolithiques… En Europe le souffle mystérieux de l’ours émane des cavernes6. Il est donc une expression de l’obscurité, des ténèbres… L’obscurité, l’invisible étant liés à l’interdit, cela renforce sa fonction d’initiateur… Dans la mythologie grecque il accompagne Artemis-Diane… Il est souvent la forme que revêt la déesse dans ses apparitions… Comme toute hiérophanie lunaire7, l’ours est en rapport avec l’instinct et, étant donné sa force, K-G. Jung le considère comme le symbole de l’aspect dangereux de l’inconscient. Comme tous les grands fauves, l’ours fait partie des symboles de l’inconscient chthonien : lunaire et donc nocturne, il relève des paysages internes de la Terre Mère. » Chevalier et Gherbrandt, Dictionnaire des Symboles, Laffont, 1969.

          Une remarque, au passage, sur l’évolution probable de nos sociétés : tout d’abord, dans les sociétés cavernicoles depuis Tautavel jusqu’au Val d’Arc, l’Ourse est la mère primordiale (par exemple pour la Teuta/ tribu gauloise des
Matu-génos, qui sont les “fils de l’Ours”) ; ensuite, dans les sociétés de chasseurs, le Cerf-Cernunnos* devient le “Père de la Teuta” ; puis c’est le Taureau-Blanc des sociétés purement agricoles, toujours de 3ème fonction* ; enfin, c’est le Cheval ou Jument Blanche des sociétés guerrières de 2ème fonction*, des “envahisseurs” qui ont fuit le raz de marée du XIIIème siècle avant notre Ère ; et enfin ce sera le Corbeau ou l’Aigle qui symbolisera l’intelligence, la vue claire, la décision “foudroyante”, l’attribut du Chef, caractéristique de la 1ère fonction* dumézilienne.

Chez les Nordiques :
On a vu dans la mythologie* germano-scandinave que le premier homme était Bor et ce nom est à rapprocher de l’allemand Bär ou de l’anglais Bear “Ours” puis, qu’il engendra Buri le paysan. Lisant les intéressants récits de voyage rapportés par Labbé ou par von Schrenck, nous nous sommes persuadés que les vieux ancêtres des nordiques, Bor et Buri son fils, étaient les héritiers du culte paléolithique de l’Ours. En effet, nous avons Bär comme nom de l’ours chez les Nordiques, Bœr et Bauer le nom des paysans, et Bayern la province des Bavarois. Semble aussi s’en rapprocher, le nom des Bouriates (d’autres fils de Bor), donc de lointains cousins vers le soleil levant.
          Odhin Berserker signifie Odhin “à la peau d’ours”, ces Berserkers, dont nous parle Tacite, sont les membres d’un Ordre guerrier germanique, c’était une Chevalerie avant la lettre… chrétienne (cf. notre art. Blasons*, # 1).

« 
Chez les Grecs, une causalité directe est posée entre la sortie d’hibernation de l’ours en février, signe de la fin de la saison froide pour Aristote (dans son Histoire des animaux) et l’apparition à cette date, dans le ciel nocturne, de la constellation du Bouvier Bootès, le personnage du zodiaque surnommé “le Gardien de l’Ours”, puisqu’il lui revient, comme l’indique Ovide, de protéger la Grande Ourse de la fureur des chasseurs célestes8 (Fastes). » Bertrand Hell, Le Sang Noir, Chasse et mythe du Sauvage en Europe, Flam., 1994.

          Dans la Mythologie, Pelasgos le premier homme découvrit les fruits des arbres, glands et châtaignes. Son fils Lycaon fonda Lycosoura dans la montagne du Lycée, il nomma Zeus “Lycaios” et fonda les Jeux* Lycéens et « L’ainé des fils de Lycaon reçut le pouvoir, et les autres s‘en allèrent fonder de nouvelles cités. En plus de sa nombreuse descendance mâle, Lycaon eut une fille, Callistô, à laquelle Zeus s’unit d’amour. Héra les surprit, fit d’elle une Ourse qu’Artémis abattit d’une flèche pour faire plaisir à la reine des dieux. L’enfant de l’Ourse sauvé par Hermès devint, sous le nom d’Arcas, le roi du pays d’Arcadie. De nouvelles inventions comblèrent alors les habitants : l’agriculture, apprise de Triptolème ; l’art de faire du pain (artos)n, le tissage des vêtements qu’avait enseigné Adristas. Et, de son roi Arcas, le pays reçut le nom d’Arcadie9. » Marcel Detienne, La Mythologie Grecque, Le Monde Indo-Européen, Brépols, 1990.

          Nous avons aussi pu lire que la Grande Ourse était Callistô et que Arcas était la Petite Ourse. L’Arcadie était le pays des Arkadés ou “peuple de l’ours” dont l’ancêtre mythique était Arkas, la petite Ourse ou le petit de l’Ourse, et Callistô, nymphe des bois, faisait partie de la suite d’Artémis. Zeus l’aima sous le déguisement d’Artémis car elle refusait le commerce des hommes. On dit que furieuse de découvrir cette “faute”, Artémis changea Callistô en ourse. Mais Zeus, en souvenir de son amour, la transforma en constellation… de la Grande Ourse10.

          Toujours dans la Mythologie, nous lisons que « Ouranos (cf. le germanique Ur Ahn “le Vieil Ancêtre”)n, le “Dieu-Ciel” lui-même, était descendu de
l’Arbre du Monde pour féconder la Terre Mère, Mère des fauves (cf. Bestla)n, des fruits et de l’abondance* en tant que Dea Artio, détentrice de la corbeille et de la coupe (cf. art. Abondance*). » Christinger.

          « Les jeunes Athéniennes devaient, avant leur mariage, subir au Brauron une initiation* nommée arctéia – ce qu’on peut traduire par ourserie. Faire office de porteuses de corbeilles11 au service d’Artémis et imiter l’ourse, tel était leur rôle au cours des rites appelés Brauronies. Ils comportaient des Danses* de l’Ourse où les jeunes initiées étaient revêtues de courtes tuniques safran (cf. art. Athéna)n bordées de rouge (!) telles qu’en portait Artémis enfant lorsqu’elle jouait sur les genoux de son père Zeus*, à l’aurore des temps. C’était là le prix du rachat de leur virginité. » Rosmerta, Les initiations d’adolescents, in rev. Message N° 39, aut. 96 (cf. les Oursines néo-pubères).

          Atalante/ Atlanta “la résolue” qui est nourrie par une ourse et chasse le sanglier blanc de Calydon, symboliserait selon certains auteurs la lutte12 entre pouvoirs temporel et spirituel mais, nous y verrions plutôt un épisode de la Grande Submersion, une image/eidolon du Raz de Marée de Calédonie/ Écosse (cf. Déluge* nordique).
          En effet, un autre passage de la Mythologie nous dit que « Typhon*, sifflant la destruction de ses mâchoires terribles tandis que l'éclair brillait dans ses yeux de gorgone, avait réussi à vaincre Zeus* (Séisme et Grande Submersion –> Ragnarök)n et l'avait déposé, après lui avoir enlevé les nerfs (sans connaissance)n, dans la caverne corycienne. Mais Hermès réussit à lui dérober le paquet de nerfs enveloppé dans une peau d'ours (!) et à les restituer à Zeus, qui réussit à engloutir Typhon en le poursuivant de ses foudres sous l'Etna. »
          Ce paquet de nerfs enveloppé dans une peau d'ours nous semble symboliser* la vie, l’anima, et c’est cela qui ressuscite le Dieu–Fils roi des Dieux pour l’épiphania, tout comme Dio-Nysos le récurrent, Adonis ou Osiris (cf. aussi l’archaïque marteau de Thor*)…

          La Mythologie nous dit par ailleurs que « l’ourse est la compagne d’Artémis Artio13 : Artémis fait souvent des apparition sous forme d’Ourse » car elle a un rôle initiateur*, elle est l’image de l’archaïque Déesse-Mère* Lune. Ce rôle initiateur apparaît bien « dans le conte populaire connu sous le nom de Jean de l’Ourse, où le héros accomplit sa métamorphose dans la caverne de l’Ourse qui l’a enlevé étant enfant, et subit son initiation avant de retourner à la caverne-ventre maternel (symbolisé par le “pays des rêves”) par l’entremise de la Femme/ Fée/ Sorcière, initiatrice et messagère de l’autre monde. » J-P. Ronecker.

          En Grèce ancienne, les fillettes réglées, appelées les Ourses à cette occasion, portaient des offrandes à Diane “du ciel”/ Artémis (“grande source d’eau”) : elles arboraient des masques d’ourses !…

          On disait dans l’antiquité que l’ourson naissait sans forme et que c’était sa mère qui, en le léchant, lui donnait sa forme. Voilà en tout cas qui pourrait expliquer notre expression populaire : “c’est un ours mal léché” !

Chez les Celtes : la grande ourse qui, avec la petite, était le chariot d’Arthur, était à l’origine un sanglier représentation traditionnelle des druides, du pouvoir spirituel, alors que l’ourse est l’emblème ou le symbole, féminin, de la classe guerrière (initiée par les Druides), du pouvoir temporel.

          « Il existe en Gaule une déesse Artio, à Berne dont le nom alémanique est encore un ours de nos jours. » Le Roux-Guyonvarc’h, in Dictionnaire des Symboles, op. cit. Cette déesse Artio est représentée sur une statuette du IIème ou IIIème siècle retrouvée dans les Alpes suisses, par son double aspect d’ourse et de matrone dispensatrice de prospérité, le giron plein de fruits signe de fécondité, d’abondance*.




          La Photo de ce bronze celtique de Muri, conservé au Musée de Berne en Suisse, nous a servi à illustrer l’en tête de ce § : Artio est assise et semble discuter sans crainte avec l’Ourse au pelage solaire, devant un Chêne/ Arbre du Monde ou un pommier d’Avallon ou bien un poirier Pira dont elle a rassemblé les fruits dans sa corbeille d’abondance* sur une colonne. Christinger y voit une hiérogamie (mythologique, cf. supra, Zeus/ Callistô, ou céleste)n, ce que peut confirmer le Folklore (infra).

Màj @ 25/09/02 : « En ce qui concerne l'ours notons le bas relief de l'église de Troisvaux (région de Saint Pol sur Ternoise)représentant un évêque avec à ses pieds un ours .Cette sculpture est dédiée à Saint Vaast (convertisseur de Clovis). Nous sommes là en Artois – qui nous fait penser à Artio et à l'ours – prés d'Arras la Nematocenna des Gaulois et le Nemetacum des Romains de racine néméton – lieu sacré où le Culte de Cybèle et D'Attis a été attesté (culte importé par les Romains mais recvouvrant des cultes celto-germaniques locaux)n. (Mais, du temps des Gaulois,)n Il n'était vraisemblablement pas le seul. » Coupigny.rene@wanadoo.com 14

En Orient : Dans la tradition hindoue la Grande Ourse, Sapta-Riksha est la demeure des Sept Rikshi, les sept rois, les sept sages. Elle est le symbole de la sagesse et de la tradition primordiale. La constellation est donc à la fois un séjour des immortels Hamsa-Ases et le Centre, l’Arche, le coffre où se conserve la connaissance traditionnelle...
          En rapport avec le Culte de l’Ours que l’on retrouve en Sibérie – il est aussi l’animal tribal des Gilyaks – ainsi que sur le haut plateau Tibétain où errent les Golloks15 et jusqu’au Japon chez les Aïnous où il joue le rôle du Père Noël. En effet, l’ours est l’ancêtre primordial des Aïnous, cette tribu de blancs barbus (et soi-disant “arriérés”), qui vivaient dans l’île Hokkaïdo du Japon16. L’ours est chez eux une divinité des montagnes. La fête de l’ours – en Aïnu, Kamui omante – a lieu en… Décembre : l’ours vient alors sur terre et est accueilli par les humains, il leur laisse divers cadeaux et retourne ensuite au monde divin…

Màj 3 sept 04 : texte reçu le 30 août 04 de <SYN.HQ@skynet.be>
(SYNERGIES EUROPEENNES–BUCAREST / BRUXELLES, AOÛT 2004) :
Mouvements Migratoires Européens pendant la Proto-Histoire.
Les peuples de l’espace carpatho-danubien ont-ils conquis le Japon ?
Par : http://www.dacia.org/


          Pendant l’été 1997, alors que je visitais les îles de la Mer Egée, parce que je m’intéressais surtout à la petite île de Santorin, je disais à mon collègue et ami, le Dr. Cocioba, que nous étions sur les traces du “Grand Empire Pélasgien”.

          L’île de Santorin possède une caractéristique unique : elle conserve, sous les cendres volcaniques qui la composent, les traces d’une civilisation, morte mille ans avant l’arrivée des Grecs, venus de l’Est de la Caspienne (cette migration s’est opérée entre 1900 et 1400 av. J. C., en quatre vagues, les Achéens, les Ioniens, les Doriens et les Eoliens).

          Nous avons identifié une spirale dace sur une amphore haute de un mètre, d’origine pélasgienne, et, sur une fresque, nous avons vu le “Soleil d’Alexandre le Grand”, peint quelques milliers d’années avant la naissance du grand conquérant. Nous savons que les Grecs actuels ont revendiqué ce symbole dans leur campagne contre la nouvelle république de Macédoine. Mais, comme j’ai eu souvent l’occasion de le dire, l’histoire peut se montrer “étrange” et tout semble dépendre de l’identité de celui qui l’écrit et de l’identité de ceux pour qui il l’écrit.

          Un soir, je conversais avec un Serbe sur l’histoire de notre peuple (roumain). Je lui parlais du livre de V. Gordon Childe, The History of Civilisation, où il évoque les “Aryens” (pages 176 et 177) et présente une carte de l’expansion des peuples proto-européens (les Aryens, les Carpatho-Danubiens, les Pélasges, mais peu importe le nom que vous souhaitez leur donner), tous issus des montagnes balkaniques, et qui se sont élancés vers la Mésopotamie, vers l’Empire perse, vers le Sud de la Chine, vers l’Inde et les montagnes de l’Himalaya, pour atteindre les îles de l’archipel qui constitue le Japon actuel.

          La réaction du Dr. Cocioba fut spontanée, comme d’habitude, et il partit de son rire bonhomme, pour me dire : “Allons, Miky, nous avons tous fait des efforts pour tâcher de te comprendre quand tu écris que nous ne sommes pas issus de Rome, mais que nous en sommes les prédécesseurs. Je te comprends parfaitement, et je te soutiens, quand tu dis que nous sommes le premier peuple d’Europe, c’est-à-dire les Proto-Européens, et que nous constituions une civilisation pré-sumérienne. Maintenant, tu me dis que nous avons envahi l’Asie, le Caucase puis la Chine et, plus tard, l’Inde, que nous avons même conquis l’Egypte et la Mésopotamie. Nous nous sommes habitués à tes théories, mais, maintenant, n’exagères-tu pas quand tu racontes que nous avons conquis le Japon?”.

          Notre conversation s’est poursuivie pendant une bonne partie de la nuit, sur cette terrasse volcanique de Santorin. La Mer Egée, de bleue, était devenue rouge, pendant un bref laps de temps, et, après avoir avalé le soleil, était passé à un bleu très foncé, plus foncé que la lave du volcan tout proche, refroidi depuis des milliers d’années, tandis que, dans le ciel, des dizaines de millions d’étoiles, minuscules petites lanternes, se mettaient à scintiller. Finalement, à moitié convaincu, mon ami m’a dit : “Si tu écris sur notre conquête du Japon, leur gouvernement ne va pas être content...”. “C’est pourquoi je te demande de garder le secret”.
          En 1993, les éditions Barnes & Noble ont publié “The Aryans”. Je constatai qu’une carte de ce livre présentait l’espace carpatho-pontique, avec le bassin du Dniestr, comme l’espace originel des peuples européens et des cultures du monde... Je savais que ces peuples de l’aire carpatho-danubienne avaient donné une puissante dynastie à la Mésopotamie vers 1500 av. J. C., et puis qu’ils avaient conquis la Perse, l’Anatolie, l’Asie et l’Inde, en diffusant de la sorte leur langue, leur religion* et leur culture, dans des contrées aussi éloignées que l’Himalaya, mais je ne pouvais pas affirmer qu’ils avaient débarqué dans l’archipel japonais.

          Je me suis donc attelé à l’étude de la préhistoire du Japon. Je vous résume ici ce que j’ai découvert : la population Yayoi, les ancêtres des Japonais actuels, est arrivée au Japon en 300 EC, assez tardivement comme vous pouvez le constater. Ils y découvrirent une population indigène, qu’ils ont nommé les “Emishi”, c’est-à-dire les “Barbares”. Leur véritable nom était les “Aïnous”, ce qui signifie “hommes”, un terme qui ressemble fort au mot “Aomu”. Ils étaient de simples chasseurs et pêcheurs. Ils s’appelaient eux-mêmes les “hommes” (le terme roumain étant “oameni”), comme le faisaient les Carpatho-Danubiens qui avaient envahi l’Inde et qui vénéraient le dieu védique ‘Om”. Ils aimaient se désigner eux-mêmes par le vocable “oameni”, soit les “hommes”, et sont considérés aujourd’hui comme les descendants des “peuples caucasiens”, c’est-à-dire carpatho-danubiens, qui ont envahi les îles constituant l’archipel japonais, il y a cinq mille ans (en 3000 AEC.). A la même époque, ils avaient déjà conquis l’Inde et vaincu les puissances qui occupaient la Chine actuelle. Jusque naguère, les Chinois se montraient très fiers de leurs “ancêtres”, les momies découvertes dans le Bassin du Tarim, mais ces momies sont de type europoïde et sont donc plutôt nos ancêtres, à nous Européens.

          La découverte récente des “machines PCR” (pour déterminer les réactions en chaîne polymérisées), capable de lire et d’interpréter les résidus chromosomiques stockés dans l’ADM mitochondrique, a provoqué des surprises archéologiques et historiques. Les résultats obtenus, par l’application de ces techniques sur ces momies du Bassin du Tarim, dans le Turkestan chinois, ont attesté l’origine européenne de ces corps momifiés et leur apparentement aux Tokhariens. Une surprise de taille!

          Revenons aux Aïnous du Japon, très probablement d’origine carpatho-danubienne. Les envahisseurs Yayoi les ont obligés à se retirer toujours plus au Nord, car l’accroissement démographique des nouveaux arrivants avait été considérable. En l’an 805, l’Empereur Yayoi reçoit toutefois un rapport signalant que les “Aïnous se rassemblent en grand nombre, comme les fourmis, et disparaissent ensuite aussi rapidement que les oiseaux”. La population aïnoue, bien que repoussée vers les îles au climat froid que sont Hokkaïdo et Sakhaline, a pu maintenir son indépendance jusqu’en 1799, lorsque les Japonais décidèrent d’occuper ces territoires insulaires pour se “protéger contre toute agression russe”. Jusqu’à une date récente, personne ne s’est vraiment intéressé aux origines de ces Aïnous barbus, à la pilosité claire. Personne n’a fait de recherches chromosomiques (par le truchement de la technique PCR) parce que personne ne s’intéressait à dépenser de 5000 à 10.000 dollars pour connaître la vérité. Quant aux Japonais, ils préfèrent l’ignorer.

          L’anthropologue américain Carlton Coon considérait que les “Caucasiens”, arrivés là-bas il y a cinq mille ans, étaient les mêmes que ceux qui avaient occupé les Kouriles et les îles aléoutiennes, devenant de la sorte les premiers à découvrir l’Amérique, ainsi que le bassin du fleuve Amour et la Mandchourie. D’autres pensent que ce peuple aïnou est le même que celui qui a migré à travers l’Asie et qui est constitué de ces “Caucasiens” qui ont atteint la Mongolie actuelle et qui, après avoir traversé le Détroit de Bering, se sont répandus dans les deux Amériques. Cette théorie semble confirmée par la découverte, en 1958, sur la côte équatorienne, de plusieurs vases en céramique, très semblables à ceux que fabriquait la population aïnoue.

          Je ne crois pas que c’est exagéré de dire que les Carpatho-Danubiens, Aryens, Pélasges et Aïnous, ou quels que soient les autres noms qu’on leur donne, sont les ancêtres des peuples qui ont suscité la “Légende de l’Homme Blanc” ou de l’”Homme à barbe claire”, arrivé au Mexique et au Pérou, il y a cinq mille ans, soit, à peu près, à la même époque.

          Il semble bien que cette population aïnoue d’origine carpatho-danubienne, quand elle a envahi le Japon, a rencontré une population que l’on appelle généralement le peuple de la “Culture de Jomon”, dont les preuves de l’existence sont sporadiques et insuffisantes. Après avoir été repoussés par les Yayoi venus de Corée vers l’an 300 de notre ère, ces Aïnous ont été dispersés, massacrés ou simplement “assimilés”. Les Japonais sont très réticents à se souvenir de ces “peuples blancs”, qu’ils ont trouvés sur les îles, qui constituent aujourd’hui leur patrie. Seuls quelques 14.000 Aïnous vivent de nos jours dans de petits villages le long des côtes de l’Ile d’Hokkaïdo. En ce qui concerne leurs origines, personne ne s’y est intéressé scientifiquement.

          Au début du 19ième siècle, les Aïnous ont adopté le costume traditionnel japonais. Aucune étude n’a été entreprise pour connaître leur langue, car les chercheurs japonais ont décrété qu’elle était “impossible à classer”. Nous espérons qu’un jour un homme aïnou, descendant des Carpatho-Danubiens, aura suffisamment d’argent et de curiosité scientifique pour investir quelques milliers de dollars dans un test PCR d’archéologie moléculaire, de façon à pouvoir déterminer leur trace génétique.

          Si aujourd’hui une machine PCR coûte plusieurs milliers de dollars et n’est pas plus grande qu’un four à micro-ondes, dans un futur très proche, elle aura sans doute les dimensions d’un ordinateur de poche. Il sera possible d’en transporter sur les sites de recherche, où l’information obtenue pourra être analysée par un ordinateur spécialisé qui comparera les données stockées d’autres traces génétiques mitrochondriques, appartenant à différentes races et civilisations. Les Aïnous devront donc attendre pour voir confirmer leurs origines carpatho-danubiennes qu’une personne montre de l’intérêt pour eux et pour leur civilisation, en espérant qu’ils ne s’éteindront pas définitivement avant... »»


          Par une inversion malheureusement fréquente « L’ésotérisme islamique fait parfois de l’ours un animal vil et répugnant ! » Dict. des Symboles, op. cit.

Chez les Incas : « Selon Lehmann-Nitsche, cette constellation reproduite sur les murs du grand temple de Coricancha Uiracocha17 à Cuzco, représentait pour les Incas* le dieu du Tonnerre et des pluies. » D’après P. Grison, in Dictionnaire des Symboles, op. cit. Chez les Germains cette fonction appartient à Thor* et ces Incas seraient ses descendants : Ingas, Ing-Ases).

Sous l’influence de l’Église*, l’ours est devenu violent, méchant et lubrique : il hantait même les couloirs des monastères (c’est dire le niveau obsessionnel des nonettes frustrées18) !…

Dans nos Folklores, encore : L’Ourse est un animal lunaire et un symbole de la végétation et elle suit donc les cycles lunaires ; tout les vingt huit jours viennent les menstrues que le langage populaire appelle… les ourses (cf. art. Gnaa*) !…
          Notre ourse, ayant bien mangé tout l’été, bien grasse, se couche à la Saint-Martin (louages, foires, exhibition de Martin l’ours…)n pour sa grande hibernation. L’hiver passé, elle se lève à la Chandeleur/ Imbolc, jour de la Purification des menstrues et donc Fête* des relevailles de Marie, ce qui a un rapport avec “Diane au bain” et le mythe d’Actéon (“celui qui habite le rivage”) et qui fut transformé en Cerf et mangé par le chien-loup de Diane-Lune…

          Ce 1er Février, fête de Brigit au triple visage (cf. Déesse Mère*) et jour de lactation des brebis, est la “Vigile” : l’ourse, qui vient de sortir, regarde où en est la végétation, pour voir si la terre est “poilue” ou “chevelue”, car “elle doit se couvrir d’herbe à l’apparition de l’ourse”. Puis elle regarde la lune : si elle est “blanche”, c’est à dire pleine avec ciel clair, c’est qu’il y a danger de gel, alors l’ourse se recouche dans sa caverne, en attendant le printemps. (cf. § Imbolc, in art. Fêtes*)…
          Si elle est “noire” (s’il n’y a pas de lune) elle pète (vents) et, ainsi, elle libère les âmes… qui peuvent alors regagner le Paradis, c’est à dire la Voie Lactée et c’est alors la Fête* et la Bataille des Vents d’Eole – dont la tourmente submergea Avallon – et l’Ourse se recouche aussi ! C’est pourquoi, le 3 Février, vient la Saint Blaise19 – du germanique blasen souffler (cf. “Dire sans le Dire” in art. Blason*). Ce Blaise est le “protecteur de la Puissance de Parole par laquelle doit passer tout Savoir Druidique” !…

          Enfin, notre ourse ressort de sa petite mort dans la caverne quarante jours après et peu avant le 1°Mai. C’est alors la Grande Fête de l’Ourse, transformée par le christianisme en “Résurrection de (J)…Esus”, avec grotte-tombeau et pierre qu’on lève comme celle du Mundus des Romains au cris de “Mundus patet” !

À Saint-Laurent-de-Cerdan en Valespir (Cerdagne), il existe encore une importante fête nommée Jean de l’Ours…

Troussepoil – le “dérober” d’Angles en Vendée – tenait plus de l’ours que du dragon*: « C’était un dépiauter de vaches et un trousser de filles. Mais, elles devinrent toutes affreuses après qu’il eut été changé en pierre par un “saint homme” du nom de… Martin” » bien sûr (…)
          « À Arles-sur-Tech, dans les Pyrénées, le premier dimanche après la chandeleur on simule l’enlèvement d’une jeune fille, la Rossera (Rosmerta?)n, par un ours avec lequel elle reste enfermée quelque temps dans une hutte. C’est très exactement un mariage (hiérogamie*)n entre l’ours et la femme (cf. aussi l’Homme Sauvage in § Meubles de l’art. Blasons*). On trouvera dans les nombreux ouvrages de van Genet un catalogue abondant des dictons relatifs à la prévision du temps qui ont l’ours comme mesureur. » J.-C. Clébert, Bestiaire fantastique, Albin Michel, 1971 (un excellent livre dans lequel vous trouverez… tout ! ou presque… mais qu’il n’est évidemment pas question de plagier ici.)
          On se reportera aussi avec profit à notre article Fêtes*…

Lieux-dits : Or, Orçay, Orcemont, Orcet, Orcevaux, Orchaise, Orches, Orchies, Orcières, Orcival, Orsay, trois St-Ours et citons encore Recey-sur-Ourse et Saint-Urcisse. Oursecamp dans l’Oise où un temple* de “l’ancienne coutume” a été recouvert par une église et un couvent cisterciens au XIIème Siècle “une de leurs spécialités)… Et des noms de rivières : l’Ourcq, l’Ource en Bourgogne, l’Ours des Pyrénées et une Ourse en Auvergne et Saint-Urcize dans le Cantal/ 15.110 (cf. les “saints”, infra).
          « Mais lors même que le nom du village n’évoque pas un ours, on trouve encore des traces de son culte populaire. Dans le Bas-Rhin, la célèbre abbaye d’Andlau (cf. supra #3 et art. Mélusine*) fut fondée au IXème siècle par sainte Richarde quand celle-ci eut remarqué” qu’une ourse grattait la terre en ce endroit et mettait au jour une crypte enfouie. Celle-ci existe encore et se trouve être le plus ancien monument chrétien de l’Alsace. On montre toujours dans la crypte la cavité creusée par la bête. En mémoire de ce miracle, les religieuses d’Andlau entretinrent longtemps des ours dans leur monastère (…) Une ourse en pierre se trouve sculptée côté d’un des piliers de la crypte.
          « On peut citer un autre ours pétrifié sur le pignon d’une église : celle d’Angles en Vendée, près des Sables d’Olonne (Troussepoil, supra). » J. P. Clairet.

Blasons* :
L’ours est souvent présent dans l’héraldique car il est l’emblème du pouvoir temporel comme premier compagnon de la déesse-Terre. Il sera ensuite remplacé par le Grand Cerf Cernunnos*, qui a conservé sa place au dessus d’Asgard, le panthéon des Ases nordiques.

Des “saints” « Compagnos de Sire Constance » comme aime à le dire notre ikneffable ami Euphronios Delphyné : Il y a six saint Ours, un saint Urcise, un Urscinus ou saint Ursanne, et saint Ursule à Bâle (CH).




LE PAON 


          L’oiseau multicolore (ou blanc) que nous connaissons actuellement sous ce nom médiéval de “piéton” (cf. art. Jeu* d’eschec : pion, paonez) est originaire de la région indo-malaise – rapporté, dit-on, par Alexandre : il faut donc toujours penser qu’il s’agissait à l’origine de la “grue couronnée” qui a ultérieurement donné son nom – indo-européen – à l’oiseau d’origine exotique ! Celui qu’on appelle “Paon des baléares” (supra) est en effet… une Grue Sacrée* !

          La prononciation “pan” – en v-n pá  – vous fera sans doute penser à l’homophone grec qui signifie limon20 : en effet, c’est là qu’ils vivaient dans le Grand Marais maglemosien, c’est à dire atlante*-boréen, jusqu’à ce que le “cri du grand Pan” annonce la submersion du Pays de l’Âge d’Or (cf. Coq, supra).

Il est des étymologies* curieuses : en latin pavo, vient de la racine pav, “idée de peur”, il y a aussi dans cette famille une idée de “battre la terre pour l’aplanir, la paver” : la Danse du Paon est la… Pavane (cf. infra), donc “la paveuse” ; mais il y a aussi une idée de “bronzer” et de “violet” (?) dans cette racine.
          Ce pavo vient de la racine indo-européenne *pen “idée de tendre, pendre” d’où “pois et poids” (–› pendule) : paon en anglais se dit pea-cock / pea-hen, on a donc aussi “poids” pound ; le paon allemand est un Pfau, en allemand “poids” pfund (le curé pfarr n’est pas loin), mais aussi : “filer, étoffe (grec trame), drapeau et girouette” qui est devenue… un coq21 !

Màj 12 nov. 03 : Et, comme nous aimons bien les étymologies* non conventionnelles, nous vous ferons remarquer la curieuse parenté pour le moins phonique avec paiôn ”chantre de la victoire” (–> les péans en l’honneur… d’Apollon*)…

Danse* : Le paon est un oiseau “royal” car seul le roi ou (et) la reine peuvent se pavaner car ils le doivent : cela fait partie du rite de la danse* d’aplanissement de l’Aire royale où l’on construira le temple*, cela fait partie de la “majesté” de la première fonction* dumézilienne… Le Paon est donc bien consacré à Héra-Junon.

Le paon des Indes, et en particulier l’ocelle qui est la parure des plumes caudales du mâle qui dessine un magnifique et lumineux soleil, ont été diabolisés avec tellement d’insistance au Moyen Âge que c’est une preuve “à contrario” de son importance dans nos mythes indo-européens. Cet oiseau orphique (d’Orphée, ce qui en fait tous deux des natifs du même pays) est consacré à Héra/ Era, la Déesse Mère du… Marais !
          Lorsqu’il fait la roue solaire et vous regarde de ses mille yeux, comment ne pas penser au mythe d’Argos22 le berger grec à qui Héra avait confié Io parce qu’étant “panoptès” il avait des yeux sur tout le corps ! Mais “ce paon fut tué par Hermès et Héra disposa alors ses yeux sur sa queue…

Dans la Mythologie grecque : Erinona (l’Irlande?)n, une jeune, belle et chaste jeune fille, fut violée par Adonis (le Printemps récurrent)n sur l’instigation d’Héra (la Terre Mère noire du Marais)n qui la transforma ensuite en Paon (des Baléares, càd en grue couronnée)n
          Le paon était pour les Grecs un emblème orphique…


Au moyen âge encore deux paons étaient représentés de part et d’autre de l’Arbre de Vie comme les supports du Blason* dans les Armoiries.

Aux Indes, le dieu Kumâra (= Skanda23) chevauche un paon. Dans leurs danses de la pluie on sacrifie un paon car “trop de soleil nuit” !



Màj, 10 nov. 03, vu sur le site < mapage.noos.fr/piling/art/art_dragon.htm > :

          « L’oiseau solaire peut aussi être un paon, lui aussi destructeur de serpent quand il est Skanda dans la mythologie védique.
          « Mais pour les Yézidis, il est Malik al Taous, ou “l'ange-paon”, figure mithraïque, intermédiaire entre le ciel et la terre, intercesseur et sauveur, même. »



Dicton : on disait autrefois dans nos campagnes : « Un voeux prononcé sur la tête du paon est sûrement exaucé ! »


LA PERDRIX


          Symbole de beauté et de grâce féminine, elle était un puissant symbole de fécondité car on disait qu’elle pouvait concevoiR simplement en entendant la voix du mâle, en voyant son vol ou en sentant son odeur ! Voilà qui nous fait penser à la célèbre caille d’Heraklès…

          La perdrix est consacrée au héros solaire crétois Thalos/ Soleil qui fut jeté d’une falaise par son oncle Dédale.
          Notre ami Euphronios Delphyné (E. D.) nous dit un jour que : « La perdrix a un chant aussi “lassant que la scie”, et pas musicale du tout  ! Scie dont la mythologie nous dit qu’elle fut inventée par le neveu de l’ingénieux Dédale, un nommé Perdix, qui l’imita des dents du serpent. Mais ce Dédale à l’esprit labyrinthique était “jaloux” de son inventif neveu et il le précipita du haut de la falaise sans ailes ce qui est peu sage quand on a la chance d’avoir dans sa famille quelqu’un digne de soi. Heureusement la sage Assina qui passait “par hasard” dans cette fabrique de cercueil, le transforma en perdix “perdrix” pour les funérailles d’Icare à qui le vol de falaises n’avait pas réussi non plus. Il put ainsi aller scier partout ! »
          Mais tout ceci est très littéraire et fort peu sage : en fait, il doit s’agir du retricottage d’un ancien mythe car on sait que “la perdrix doit son origine à une chute, ce qui corrobore la légende selon laquelle elle aurait manifesté une joie indécente aux funérailles d’Icare, lui-même victime d’une chute “spectaculaire” (J.–P. Clairet).
          Car, « on sait tous très bien qu’il y a des gens qui rient (par nervosité) dans les enterrements, et ce genre de rire24 nerveux est un peu sciant. Décidément nos cousins grecs sont assez pince sans rire (voilà qui complète la boite à outils du tonton bricoleur). En cela, ils étaient restés bien proches des Gaulois du Danube Keltos, nos cousins. » Euphronios Delphyné, courrier.

LE PIC


          Le Pivert, par son chant plaintif « plui, plui ! » implore la pluie, ce qui explique l’usage des crécelles dans les Danses de la Pluie (Cf. art. Thor*). Les Anglais l’appellent d’ailleurs rain bowl et les Romains pluvis avis alors que chez nous on le nomme “procureur des meuniers” parce que les pluies sont bénéfiques à leur activité.

Les Nordiques actuels l’appellent l’oiseau de Gertrude : selon cette légende chrétienne, elle aurait refusé de faire cuire du pain pour “Dieu” et pour saint Pierre et pour cela fut métamorphosée en pivert. Cependant, le nécessaire décryptage de cette légende n’est pas simple…

En Grèce : le pic était considéré comme pyrogène par les Grecs qui l’appelaient pelekan, ce qui est aussi le nom de la montagne de Prométhée et, par là, il est donc relié au mythe sur l’origine du feu (Frazer) inséparable de la foudre, de l’orage et de la pluie.

Les Sabins dont on connaît surtout les accortes filles enlevées par les Romains – renouvelant ainsi la Guerre* de Fondation – restèrent longtemps alliés aux Gaulois et à Pyrrhus contre Rome. Leurs enseignes étaient surmontées du Pic (picus), lequel à donné son nom à leur province, le Picenum25

          Métamorphose du roi Picus lui-même, cet oiseau prophète – c’est-à-dire “interprète” des Dieux – était utilisé dans les rites* oraculaires dans lesquels il prévoyait les tempêtes et les orages et c’est pourquoi Picus, devenu l’Aigle romaine, tient en ses pattes les foudres de Jupiter* !

          Oiseau sacré de Mars, symbole* de protection, “il indiqua par son vol où étaient cachés les deux petits marses Rémus et Romulus qu’il nourrissait26 en secret”.

Notre folklore de superstitions a conservé le souvenir d’une “herbe au pic qui permettrait d’aiguiser les métaux et aussi de rompre les liens* et chaînes de fer” : en fait, il s’agit là de la mandragore ou allruna pour les Nordiques (“toutes les Runes* ou “Tous les Secrets”, ce qui est aussi le nom d’un Elfe* blanc).

LA PIE


          Pour les Chinois27, le pont sur la voie lactée qui permet à la Tisserande et au Cortège Nuptial de rejoindre le Bouvier, a été fait par les Pies : on reconnaîtra là des constellations et des mythes indo-européens concernant le pont Bifrost des Nordiques.

          L’aspect noir et blanc des pies en fait un symbole du “passage” (cf. art. astrologie* nordique) et il est curieux de constater que les vêtements à “pans” de cérémonie ont conservé ces couleurs ainsi que la “queue de pie” (qui figure d’ailleurs sur les vêtements celtiques d’Europe centrale). Il en est de même pour les musiciens de concert qui sont des “messagers” (cf. Elfes*), des médiateurs du “passage” entre deux mondes…

          On disait en Thrace que “les Piérides28 qui chantaient divinement, ou Péritios, étaient les habitants de l’Atlantide* mais Ovide rapporte que “c’était neuf jeunes filles qui tentèrent de rivaliser avec les Muses : ayant perdu à un concours de chant (car personne de pouvait égaler les Sirènes-oiseaux* d’Atlantide!)n, elles furent changées en pies” dont Sébillot nous dit qu’autrefois « elles avaient un vêtement d’une richesse incomparables avec une aigrette sur la tête et une queue aussi splendide que celle du paon”. Et, c’est depuis cette punition que les pies jacassent29 : “Rac, Rac, Rac”, telles Rakassa la sorcière !”

          Selon une légende bretonne “C’est la Pie qui apprit au forgeron à souder le fer : voyant qu’il n’y arrivait pas, elle lui cria « Mets de l’argile ! », il se fâcha tout d’abord contre cet oiseau bruyant qui l’agaçait30 dans sa tentative infructueuse, énervante, puis il suivit son conseil et le fer se souda parfaitement !” Voici une technique bien digne de Siegfried et qui fut propre à déclencher l’admiration de Mime (cf. l’opéra Das Ring de Richard Wagner).

          La Pie était consacrée à Dionysos/ Bacchus, le dieu du renouveau et, symbole de l’anné nouvelle, elle fut conservé par le folklore allemand des superstitions post chrétiennes qui rapporte “qu’elle doit être tuée entre Noël et l’Epiphanie” comme le Vieux Soleil. Mais, en fait, “en tuer une porte malheur car elle prévient de l’approche du loup” ! Ceci, joint à son “ancien plumage”, nous remémore le coq nordique Gullinkambi, “crête d’or” qui, lors du cataclysme du Ragnarök, avertit les dieux de l’arrivée de Fenrir ! Est-ce pour cela qu’en Poitou-Saintonge, “pour la remercier d’être vigilante et l’inciter à le demeurer, on lui offrait une crêpe le jour du carnaval, voire même la dernière javelle des moissons” ?

          On dit dans les Côtes d’Armor que “le Coq-Pie – qui naît d’un œuf de poule couvé par une pie – chante toutes les heures si régulièrement qu’il peut servir d’horloge” (cf. Ørlög in Destin*). Se trouve-t-on ici devant une légende de Kronos dégradée ou voilée par la Kala (cf. art. Astro* et Gioïa*) ?
          En effet ce coq-pie était probablement la figuration du Grand Ase en Corneille car celle-ci était considérée comme une initiatrice*. Le folklore hongrois a conservé la trace de sa fonction dans la légende selon laquelle : “la pie dut apprendre au pigeon à faire son nid, mais comme il répliquait à chacune de ses explications « Je sais, je sais… », elle le laissa en plan !”…

          Pour finir, repassons par la Chine pour évoquer à nouveau la Grande Catastrophe : « La fille de Yen-Ti, roi du feu, se transforma en pie et monta au ciel après l’incendie de son nid, ce qui est une apothéose d’Immortel taoïste, en quoi la pie joue un rôle analogue à celui de la grue. » Chevalier, op. cit.

LA PIEUVRE


Pendeloque crétoise


         Le poulpe ou octopus est un vieux compagnon des “Peuples de la Mer et du Nord” qui l’héritèrent de leurs ancêtres constructeurs des Mégalithes. La pieuvre est en effet gravée sur les parois des dolmens bretons (Gavr’Inis) et omniprésente dans la décoration plus tardive du palais de Minos31 en Crête et dans les ruines de Santorin détruite par l’explosion de la caldéra de Théra puis par les reflux du raz de marée…
          On la trouve aussi dans la figuration grecque classique (tardive) de la Gorgone Méduse qui, nous pensons, représente une survivante du raz de marée – une soleil immergée, puis renaissante et moqueuse, avec des civelles dans ses cheveux – figure/ eidolon dont on ne parle pas sauf par périphrase, qui est un “tabou” et qu’on ne saurait donc regarder en face sans périr : elle vous paralyse, vous pétrifie, vous donne des affres32, elle est “affreuse” en un mot… c’est une incube !

          Au Moyen Âge, la pieuvre mégalithique fut appelée “porte des enfers”. En Basse Bretagne chrétienne, on l’appelle Minard, création du Diable* ou bien “enfant du diable”. En Allemagne elle a donné naissance aux légendes (forcément exagérées) du Kraken, d’où l’expression “dire des Krakes” !

LE PHOQUE


Dans la Mythologie
nous lisons que : « les nymphes poursuivies par les Dieux se transforment souvent en phoques » et que « Poséidon-Posite avait un troupeau de phoques dont la garde avait été confiée à Protée, dieu mineur de la mer, capable de changer de forme à volonté. »
          En effet, aux Féroé, en Hyperborée : “les phoques femelles se dépouillaient de leur peau sur le rivage et se promenaient alors sur les plages sous la forme de jeunes femmes séduisantes” : on aura reconnu là nos “pêcheurs” du Maglémosien, retirant leur “anorak” étanche en rentrant d’une dangereuse chasse au monstre Céta ou au “bélier de mer” – le précieux Narval* 33 à la “dent longue” – et diabolisés en pécheresses par la “nouvelle foi” : pêcheur –> pêcheresse, c’était facile !…
          Cependant des résidus de ces croyances mêlés aux souvenirs de la grande Transgression marine ont subsisté dans le folklore des superstitions post chrétiennes :

          « En Bretagne, l’âme d’un chrétien qui n’était pas en état de grâce était censée occuper le corps d’un phoque jusqu’au jugement dernier. Cependant, Dieu lui accordait la permission de revenir (d’où les “revenants”) tous les cent ans sur les lieux qui lui sont chers. On le voyait alors danser au bord du rivage sous la forme d’un bel homme ou d’une belle femme, mais nul ne devait toucher à la peau dont il s’était débarrassé : elle portait malheur. »

          Mais, depuis ces funestes événements, la sagesse populaire (Folklore) nous informe qu’au contraire : « la peau du veau marin protège du malheur, des dangers (certes)n et des maladies. C’est pourquoi il faut porter une ceinture en peau de phoque34 qui protège de la colique et du brigandage, de la foudre et des démons ! »

LE RAT
ET LA SOURIS


          Il n’y aurait pas d’
étymologie* à ce mot si l’on en croit le Larousse ; et pourtant :

(1) Chez les Nordiques : Rati est la tarière, ce que nous avons vu à l’article Narval* dont la “corne” ou défense est torsadée comme… une queue de rat (ce qui est le nom technique d’une petite lime ronde) et sert à l’émondage des sources avant que l’épée d’acier d’un saint chevalier ne lui ravisse cette prérogative !

(2) Le rat était un symbole de la vie souterraine comme le serpent ou la taupe. Le Rat – ou la souris, uras pour les Grecs qui pourrait aussi être aussi une étymologie – symbolisent la prescience car on le dit capable de divination : aurait-il fui les berges du grand marais Maglemosien avant le Grand Raz de Marée ?


Chez les Celtes : Si ce fait devait s’averrer exact, on aurait là un détecteur de séismes à bon marché et  cela pourrait expliquer pourquoi il figure au fronton du Cernunnos* “pourvoyeur” de Reims cependant que l’habituel décryptage mythologique en fait un symbole du passage du monde souterrain à la lumière : il accompagne ainsi les transformations bisannuelles de Cernunnos*/ Ésus. La présence du mulot sur les monuments gallo-romains « précise (donc) l’époque de l’année : le solstice d’hiver, et plus précisément Véga de la Lyre qui se trouvait sur le méridien su Solstice d’hiver au début de notre ère. » Raimonde Reznikov, op. cit.
          Le nom gallo-romain de Véga était d’ailleurs mus, analogue au latin mus, muris), anglais mouse, allemand mauss qui signifient “souris”, racine très différente de uras ou de rati : mais une souris n’est pas un rat, ni sa femelle ! cet animal social ne semble guère intéresser nos concitoyens qui ne l’imaginent que fréquentant les décharges ou les égouts, mis à part les éthologues et psychologues qui font sur lui des études de conditionnement et d’intelligence, ou les biologistes.
          Pour J.P. Persigout, la souris représente un culte tellurique abandonné à Gwawl (gouaoul), une ancienne divinité du sol (cf. Loup-garou, supra # 3/ 5)…

En Grèce : Déméter/ Proserpine portait un voile parsemé de rats brodés. On vénérait aussi chez eux un Apollon sminthex (sminthée), et l’aspect ambivalent du dieu rat indou, fils de Rudra (qui peut apporter la peste mais aussi l’éloigner) expliquerait ce qualificatif, dit-on…

En Étrurie : l’étoile Véga de la Lyre était nommée Mus “le petit rat”, et cette appartenance à l’astrologie*/ astronomie peut sans doute expliquer son importance sur les bas reliefs gallo-romains : on sait que ces monuments, tout comme les monnaies gauloises, étaient parsemés de symboles astrologiques, donc calendaires.

À Rome : l’équivalent italique du rat est Soranus (ou Soracte, un mont des Falisques consacré à Apollon) d’où leur Apollon soranus, et la mythologie romaine précise que « les acteurs du rite de traversée des braises avec les pieds nus se nommaient les Hirpi Sorani “les Loups Soraniens35 ” » Frazer, IV, 208 .
          Proserpine était la déesse des enfers mais, plus exactement, elle figurait la Terre Fille gâste pendant l’hiver et dans laquelle germait le blé” d’hiver.

Contes : le Joueur de flûte de Hameln (Grimm). Et aussi La Demoiselle aux rats (Ibsen) dans lequel le petit Eyolf se jette à l’eau (comme les hamster de son pays).

Alors loup ou souris ? Une explication plus convaincante serait le sens identique entre deux vocables “ethniques” différents : en effet, on a Syros comme nom du soleil chez les Scythes, Goïto Syros “éclatant soleil” ; Sourias est celui des Hittites (Turschas) ; Sourya celui des Védiques et, en Europe occidentale, les variantes vont entre Sol et Soulewas et, s’il est Hélios chez les Grecs, c’est qu’il s’agit d’un qualificatif, le “brillant”.

(3) Phoniquement proche du mot rat est le mot Rath qui en anglais signifie “ouvrage de terre sacré”, tel que le sidh* de Newgrange par exemple, ou tout temple solaire…
     De même prononciation est le mot allemand Rat “conseil” et l’on comprend qu’il se soit tenu sur ces lieux solaire où l’on déterminait le “moment” Tag du “jour” du Solstice d’hiver, Rune* Dag/ Daggar ; la Diète s’appelait d’ailleurs le Dag et est devenue le Tag (–> (Reichs)Tag à Berlin ou le Rath à Prague). Alors, le lien se fait-il avec la prescience ou avec le conseil ? Voilà une piste à creuser…


LE RENARD


Étymologie* :
nommé Goupil Au Moyen Âge, nom qui vient du latin vulpecula “p’tit-loup” (vulpes), il ne devint Renart qu’après le célèbre roman et, selon Littré, Renart vient du germanique et signifie “bon conseilleur” alors que, pour une fois plus précis, Larousse écrit « du francique Ragin Hart “Dur Conseil”. »

Au Moyen Âge : Dans les fabliaux sa “femme” est Hermeline, terme générique pour petite hermine (cf. art. Blasons*), Hermelein en francique, ce serait donc “le petit Hermès/ Hermöd”: cela laisse rêveur… et nous ramène à “bon conseilleur” !

Chez les Nordiques : le renard un animal qui semble manifester toutes les qualités… et les défauts de Loki. Par ailleurs, La Renarde semble recouvrir une Dise/ Matrone du Rhin.

Chez les Grecs : Cce creuseur de terriers labyrinthiques* guida Orphée aux enfers où il cherchait Euridyce “bonne renommée” qui venait sans doute d’être noyée par le Cataclysme boréen. Le renard était le totem de la ville de Messène (cf. art. Blasons*).
          C’est un rite ancien que celui de la chasse à courre qu’on trouve en Grèce avec le mythe* d’Amphitryon où l’on trouve le chien de Procris “celle qui attrapait toujours sa proie” et était fille d’Erechtée. Elle était chargé de poursuivre le renard de Teumesse qui ravageait le Pays de Thèbes (cf. Sanglier, Hydre de Lerne et Dragon*)…

Architecture sacrée : Un exemple du travail souterrain de la Libre Corporation des Sculpteurs – favorisant le “travail” éducatif des troubadours (cf. art. Gioïa*) – est donné par les sculptures du XIIIème siècle de “La procession aux obsèques de Renart” dans la cathédrale de Strasbourg :
          Brun l’Ours tenait l’eau bénite (grotte à source, cf. Vierge Noire*), Ysengrin le Loup (“Issant Grain, soleil levant”) tenait la Croix (du Nord), Couard le Lièvre (la Lune) tenait le cierge (la torche hélané des “fêtes” nocturnes à Bacchus), le “brancard” était tenu par la Truie (cf. Twrth Trwith) et le Bouc, et le Cerf Brichemer36 (Cernunnos*) qui célèbre la messe avec l’archiprêtre Bernard l’Asne (l’Ase), chantant les saintes paroles du missel que lui tend le Chat Tibert (Tiou-Bert, *Diew “brillant, lumineux”) : tous ces Romans de Renart sont cryptés et il faudra un sérieux “parti pris” pour tenter de voir clair dans ces discours de Minnesänger ou “Chanteurs de la Mémoire”, de Troubadours… “Trouveurs” de Vérités cachées !

Folklore : en Angleterre, il existe aussi le rite* de la chasse à courre au Renard, rite qu’il convient donc de protéger comme un témoin, comme une “racine” encore vivante…



Le Roitelet dans sa haie d’Aubépine fleurie

LE ROITELET


          Frazer, parlant du roitelet dans les mythes*, met en avant sa fonction pyrogène (Les Mythes sur l’Origine du Feu).

À Rome
, ce “petit roi des oiseaux” – car un jour il vola plus haut que l’aigle – était le préféré des augures.

Dans l’Église* ? « Dans plusieurs régions de France, un oiseau était lâché dans l’église lors de la messe de Noël. Capturé quelques jours auparavant par les garçons du village, il était solennellement porté au bout d’une perche (cf. le magdalénien “bâton coucou”)n, et présenté vivant au prêtre qui le bénissait, le détachait et lui rendait la liberté. L’oiseau voletait dans l’église avant de s’échapper par la porte laissée ouverte. On y voyait un symbole* de Délivrance et de Joie (mais)n ce geste ne faisait que répéter une très ancienne fête* commune à beaucoup de villes de France.
          « Dès le Moyen Âge on avait en effet coutume de lâcher des oiseaux dans les églises pour le sacre des rois ou plus simplement lors de l’entrée solennelle d’un souverain dans la capitale. Les oiseleurs du Pont-au-Change, sur l’ordre de Charles VI, ouvrirent ainsi les cages de quatre cents oiseaux dans le chœur de Notre-Dame.
          « En Provence, cette cérémonie conserve encore aujourd’hui le nom de Pétouso qui est celui de l’oiseau choisi, le roitelet ou plus exactement le troglodyte (parvulus) qui est le plus petit des oiseaux européens. » J.-P. Clairet.

          Luttant contre ces “superstitions” (croyances païennes)n, l’Église* fit alors de notre royal oiseau la victime des chasseurs et des jeunes gens qui, lors de la fête* du roitelet se déroulant à Carcassonne et à La Ciotat, couronnaient chaque 1er janvier “Roi du Roitelet” le premier à en tuer un. Ce souverain d’un jour (solsticial)n avait droit à certains égards : à Carcassonne, décoré d’une croix de Malte (cf. Mühlespiele/ Escarboucle in art. Astrologie* niordique)n et doté d’un sceptre (cf. coucou)n il se rendait le 6 janvier (Épiphanie)n avec ses compagnons à la messe de l’église Saint-Vincent puis il allait souhaiter la bonne année aux magistrats municipaux” (Sébillot).
          Mais, sans doute, s’agissait-il des restes d’un vieux rite* païen car, autrefois, le roitelet était rituellement mis à mort chaque année comme “substitut du condamné voué aux Dieux” (F.Benoit) dans lequel nous verrons le “vieux roi de l’an qui meurt”, sacrifié en signe de lustration…

Cependant, pour un Normand, en tuer un aurait attiré sur sa maison le feu du ciel !


LE ROSSIGNOL




« Étymologiquement, c’est la lusciniola latine, devenue en vieux français la Loussignole. Mais on ne sait s’il fait rattacher ce nom à celui de Lucine (Junon), déesse des accouchements37, ou à l’adjectif luscinius qui désigne un myope… » J.–P. Clairet.

Chez nous le rossignol était l’inspirateur des druides et…

Chez les Grecs, il était celui d’Apollon* dans son rôle de musicien C’est un aédon, un aéde, c’est à dire un “chantre”. Et, s’il chante si mélancoliquement la nuit (allemand Nachtigall, anglais nightingale, italien usignolo), c’est parce qu’il est la métamorphose de Procné, la première femme de Térée à laquelle celui-ci avait coupé la langue pour qu’elle se taise sur son faux veuvage et sa bigamie familiale…

Dicton : “Plus le rossignol chante en Mai, plus belle sera la récolte !” (Vosges).

LE ROUGE-GORGE


          C’est lui qui apporta le “premier feu” aux habitants des Îles anglo-normandes et les Bretons d’Armorique disent qu’il apporta le premier grain de blé en Domnonée. Dans le Loiret, une curieuse coutume voulait qu’on tue un rouge-gorge mâle le jour de la Chandeleur pour l’embrocher sur une baguette de noisetier qui devait se mettre à tourner toute seule : ceci ne peut que nous faire penser au “bâton Coucou”/ sceptre chamanique de Lascaux, et aux fonctions astronomiques* de l’Irminsul* dont “l’ombre tourne toute seule en 24 heures” !…
          Cette fonction “solaire”, bien digne d’un “petit-roi”, d’un Dieu-Fils donc, en faisait le symbole de la volupté au Moyen Âge (cf. Rune* win/ wunju) mais, sous l’influence de l’Église* castratrice, Jéronimus Bosch en fit dans sa peinture symboliste et quelque peu surréaliste celui de la luxure…



Le Sanglier, gobelet d’argent gaulois
Mus. Civ. Gallo-Romaine, Lyon

LE SANGLIER


          Le sanglier est l’habitant des forêts hercyniennes tempérées chaudes qui nous arrive de l’Est en suivant la régression du glacier européen. Il ne fait donc aucun doute qu’il hantait les forêts de la Sibérie maritime avant le Grand Cataclysme (cf. art. Glaciaire*) et cela expliquerait ces rites* de Chasse Royale dans toute la sphère indo-européenne…

Faisons un peu d’étymologie : le Sanglier est un animal “singulier” s’il en fut, c’est à dire solitaire : en effet, c’est là l’origine de son nom ! Eber pour les Celtes* Éburons, le vieux mâle solitaire est appelé tour à tour, la Bête Rousse, la Bête Noire ou simplement la Bête !

Chez les Germains : le Sanglier est l’attribut de Wotan* et il portait en vieil haut allemand le nom d’Ebur où l’on retrouve à nouveau les Celtes* Éburons qui sont aussi chez les Goïdéliques “ceux de l’If”…

          De ces rites*, il est demeuré :
1- l’hospitalité de Neu Helle : la porte est toujours ouverte au “Voyageur” (le Vieux, Wode)…
2 - ainsi que les cadeaux qui remémorent les offrandes propitiatoires au “maître des dieux” (cf. aussi “don et contre don” in art. Communauté*) pour la nouvelle année.

          Nous avons vu que dans la mythologie* germano-scandinave, « l’homme descend de Buri et de Borr, après qu’Audumbla (cf. art. Europe*), la Vache sacrée*, eut léché un bloc de glace salée (le grêlon hagal). Outre sonsens de “paysan”, il s’agit là du sanglier totémique, et leur pays – au Nord pour les Grecs archaïques qui étaient des “pré celtes” – était la Borée38, c’est à dire “la terre des sangliers” :

          « La racine Var39, pour le nom du sanglier, se retrouve dans les langues nordiques sous la forme Bor ; l’exact équivalent de Vârâhi est donc Borée et la vérité est que le nom habituel d’Hyperborée* fut employé seulement par les Grecs à une époque où ils avaient déjà perdu le sens de cette antique désignation ; il vaudrait donc mieux, en dépit de l’usage qui a prévalu depuis lors, qualifier la tradition primordiale, non pas d’hyperboréenne, mais simplement de “boréenne” (!!!)n, affirmant par là sans équivoque sa connexion avec la Borée ou “terre du sanglier”… » René Guénon, Symboles fondamentaux de la science sacrée, Gallimard, 1962.

          On a retrouvé des statuettes de Gullinbursti40 “soies d’or” qui conduit le char de Freyr dieu de la fécondité et des richesses, armé de trois cornes. La monture de Freyja, sa “soeur et femme”, est aussi un sanglier nommé Hildisvin, “truie cuirassée”. Dans ce cas elle est surnommée Syr (sour, Tyr?) “truie” Å Svin41 (souinn).
          « Le Julschwein (Julsvin) doit être bien gras à l’époque des “douze nuits” où Wotan et sa Chasse Sauvage vont venir le chercher pour le grand banquet des Berserker au Valhalla, c’est alors que les paysans posent leurs couteaux la lame en l’air. »
          Par ailleurs, nous lisons « C’est lui Saehrimnir, le sanglier aux soies d’or du dieu Freyr (celui qui mène son char, et)n qui est dévoré chaque jour et renaît chaque soir. » G. Dumézil, Mythes et Dieux des Germains, P.U.F., 1938..
          Car, le sanglier est l’immortel sacrifié de la chasse et des festins du Walhalla offerts aux “élus” qui sont “morts au combat dans l’honneur”. La coutume du Fröblot, la tête de sanglier avec une pomme d’Avallon dans le groin, sur la table de Neu-Helle – la fête* de Jul ou Solstice d’Hiver – offerte en prémice d’une année fructueuse, remonte directement aux vieux rites* païens consacrés à Freyr et Freyja* alors qu’on lui dédiait un verrat pour obtenir une bonne et féconde année (cf. rites à Cybèle chez les transfuges doriens).

Chez les Baltes : Thietmar, qui devint évêque de Mersebourg en 1009, nous parle encore, mais fort évangéliquement du culte de Sva-rojitch42 à Rethra/ Radigast (vous apprécierez, car son parti pris vaut largement celui du musulman Fahdlan) :

          « Les murs de ce temple sont ornés à l’extérieur de dieux et de déesses merveilleusement sculptés ; il y a à l’intérieur des dieux sculptés à la main : ils sont revêtus de casques et de cuirasses et ont un aspect terrible. Le premier d’entre eux s’appelle Svarojitch. Ces peuples l’honorent plus que tous les autres dieux. Les étendards sont conservés ici, et ils ne quittent le sanctuaire que lors des expéditions.

          « Quand ils se réunissent pour sacrifier aux idoles ou pour apaiser leur courroux, ils (les prêtres) s’asseyent tandis que le peuple reste debout ; ils murmurent des paroles inintelligibles, creusent la terre avec une crainte religieuse, et consultent ainsi le destin* pour connaître les choses incertaines. Cela fait, ils couvrent de gazon vert un cheval considéré comme le plus grand du pays : ils le font passer avec vénération entre deux lances fixées dans le sol et, en combinant les résultats de cette divination avec les sorts qu’ils ont d’abord consultés, ils tirent finalement des augures. »

          Il est évident qu’on assiste là au Thing : le grand Conseil des Anciens sages, et la Teuta/ tribu est là, debout, présente au grand complet. Des mesures astronomiques sont faites par le “crieur du Temps” (cf. Hropta Tyr) pour déterminer la date des événements passé, puis on célèbre un rite de commémoration de la Grande Submersion, du temps où “la soleil resta prisonnière dans une Tour” pendant de trop nombreux mois. On joue en quelque sorte un “mystère” comme celui que les chrétiens donneront devant leurs cathédrales (recouvertes elles-aussi de statues). On gratte la terre devenue gaste avec désespoir (en s’arrachant les cheveux) puis, enfin, on fait passer le cheval solaire renaissant entre les deux gnomons en signe d’espoir : soudain, c’est l’épiphanie printanière, l’aurore de l’année car ce cheval est le plus grand, le plus fort, donc solaire : comme le Héros qui dans les mythes* indo-européens* lutte contre la ténèbre hivernale (cf. Jean Haudry). Il est victorieux et ramène de son périple souterrain cf. Perséphoné/ Proserpine) le Printemps du Monde d’ailleurs, il est déjà couvert du gazon nouveau tout comme Adonys/ Dio-Nysos !

          Mais les Slaves43 de cette région croyaient aussi en un autre signe du destin* qui se manifestait à la veille de quelque « terrible et longue rébellion (séisme)n : un gros sanglier, orné de défenses blanches (d’écume?)n, sortait alors du sein de la mer et se vautrait dans les vagues qu’il pourfendait avec un bruit terrible » : on dirait bien qu’on nous parle de la Grande Submersion boréenne qui fut quelque peu… récurrente.

Chez les Grecs. La Mythologie nous dit : “de caractère solaire (apollinien) le sanglier est consacré à Artémis” (parèdre –et jumelle – d’Apollon*). Il était déjà consacré à la Dé-meter (Dé…esse Mère) dont il avait autrefois saccagé les moissons (cf. art. Déluges* et Celtes*) : c’est le fameux Sanglier d'Erymanthe (la "devineresse d'Erin-Irlande” ou “l’oracle aux brins de laine noués” ?) qu'Hercule tua dans l'un de ses douze travaux héroïques et zodiacaux ; ou bien c’est le Sanglier de Calydon (le joli Don-Eridan) qui ravageait le pays pour le punir d'avoir oublié Artémis dans ses sacrifices ; ou, plus loin, nous lisons que “c'est Atalante (!) la compagne d'Artémis qui finit par le tuer” (cf. notre interprétation différente dans le §Clou* in art. Irminsul*). On dit aussi qu'il fut sacrifié à Dé-méter/ Terre Mère après un bain de mer (c'est à dire la Grande Submersion), lors des mystères d'Eleusis…
         Le sanglier figure sur les premiers navires connus, leur étrave de bronze a la forme de son groin aui, comme une charrue, laboure… les océans !

          Les Grecs disaient descendre des trois Grées, les grises or, ce sont des Phorcides, descendantes de Phorcus ou Orcus, le Grand Dieu Noir de la mort, apparenté aux dieus inferieurs (cf. le Sanglier d’Érymanthe). Porcus donne les Parcaé, ce qui est le titre des trois Parques ou Moires (Moiraï, Nornes et Nona in art. Destin*) ou “les distributrices” (cf. art. Justice*).
        Ls sanglier est un symbole d'initiation*, comme chez les Celtes*…

À Rome : le sanglier était consacré à Mars (Thor) le dieu éponyme des Marses, mais aussi au Printemps et à la Jeunesse. Son nom latin aper se retrouve dans le nom grec de Vénus : Aphro-dite ou Dise du Sanglier, c’est à dire Freyja pour les Nordiques, notre Deva Arduina en personne !
          « Selon la tradition, l'emplacement d'Albe-la-Longue fut désigné par une truie blanche44 et sa portée qu'on découvrit couchée sous des chênes verts. » Virgile, Énéïde, VIII-43.
          La truie offerte pleine, à Cybèle “à la hache” (cf. art. Francisque* et Astrologie*) est symbole d’abondance* et de fertilité. Elle est une matérialisation de Diane-Môn dans ses transformations druidiques.


« La truie qui file (trutte fidèle) est le druide* qui, de la quenouille,
tire un fil conducteur, le fil d’Ariane, celui de l’initié*. »
J.P. Clébert.


Chez les Celtes* de l’Ouest, on trouve des sangliers partout : ils sont le symbole des dieux Lug et Esus, car « c’est un animal druidique ». Le sanglier mange les “glands de l'immortalité”, attributs de Lug, dieu du feu/ parole et de la lumière. Fêté* pour la Samhain, le sanglier figure l'autorité spirituelle qui est en balance avec, et plus tard en lutte contre, l'ours* qui est l'autorité temporelle et guerrière (cf. Berserker nordique).

         Selon Markale, le sanglier représenterait le pouvoir spirituel, inaccessible et poursuivi sans fin par Arthur qui serait, lui, le pouvoir temporel mais Raimonde Reznikov remarque que :
          « L’opposition (I) entre le sanglier et (le lion ou) l’ours n’est qu’astronomique et ne doit pas forcément être interprétée comme une lutte entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel (!)n. Chez les Celtes, la solidarité entre le druide et le roi était fondamentale. Les récits de chasse au sanglier évoquèrent plutôt le combat des forces de la nature contre un symbole de l’hiver et du froid. Trois mille ans avant notre ère, à l’époque de l’édification du monument de Newgrange, le nouveau et jeune soleil (Dieu-Fils)n du solstice d’hiver naissait dans la constellation du Sanglier ! C’est pourquoi , en Irlande, l’animal fut aussi consacré à Lug le soleil spirituel. À l’époque de La Tène, la fête* d’Imbolc du 1er février se célébrait lorsque le Soleil entrait dans la constellation du Sanglier. Dans ce secteur, la Grande Déesse est représentée, près du pôle, par la constellation de Cassiopée (W)n. » Vous vous doutez bien que ces interprétation “astrologiques” (i. e. astronomiques) nous remplissent de… Gioïa* : la Joie du troubadour !



          De même, dans le conte Gallois/ Kymry de Kulhwch (“enclos des porcs”) et Olwen/ Olen, Arthur chasse le Twrch Trwuyth45 et ses sept petits marcassins. Or cet animal est un sanglier blanc, et la lutte qui dure longtemps, neuf jours et neuf nuits, représenterait dans ces légendes tardives la querelle du sacerdoce et de l’empire, mais ce n’est qu’un point de vue, et il est terriblement post évangélique. En effet, en Irlande, dans La Mort des Enfants de Tuirean c’est l’inverse : les “guerriers” (les prêtres de la “nouvelle foi” ?) “assassinent” Cian, le vieux druide, le père du dieu Lug46 dieu des trois fonctions – le polytechnicien (Polydeukos -› Pollux) caché sous l’apparence (grade) d’un porc druidique. Cette interprétation est donc contradictoire avec le fait que le sanglier, qui est l’emblème de la fonction* guerrière, figure sur les premiers navires connus sous forme d’étrave de bronze (Cf. aussi “béliers de mer” au sujet du Narval*…) de ces laboureurs des mers.

          Dans une autre version, l’histoire de Henwen, “la Vieille Blanche”, notre truie – qui était pleine, comme celle qu’il convient d’offrir à Cybèle – à un rôle fécondant et dépose le froment, l’orge et l’abeille pollinisatrice, lors de ses “combats” contre Arthur. Cela donne à penser que les Tuatha de Danann ont systématiquement remis l’Irlande en valeur après le raz de marée du XIIIème siècle et explique qu’Henwen ravage – c’est à dire qu’elle laboure – les cinq provinces l’une après l’autre. Lorsque les derniers ravages, ou combats dans la version arthurienne post évangélique, ont lieu dans la centre, la province royale de Meath, c’est que les Danann accèdent enfin à la royauté sur l’ensemble des provinces d’Irlande…

          « Cette traque ne symboliserait donc pas l’opposition (II) du roi au prêtre, mais davantage l’incompatibilité entre deux conceptions de la société celtique (…) Les deux princes, Arthur et Kuhlwch (Cullogh en Écosse)n, représentent surtout l’avènement d’un autre monde, d’un temps nouveau, d’une société urbaine47 et chrétienne qui rase et élague, qui défriche et abat tous les symboles de la forêt celtique. Les deux rois portent en eux le ferment de la décadence. Ils ouvrent la porte au désastre moral, intellectuel et spirituel du Moyen Âge occidental. » Gwern Arzur, La chasse royale de Twrch Trwyth, in Revue Ordos N° 3, Novembre 1994 (Quelle clarté !).

          « Dans les récits des Celtes insulaires, le sanglier est le gardien d’un objet qui va permettre de mettre fin au règne d’une entité saturnienne (“coupure”, cf. Kronos in art. Astrologie* nordique)n. C’est un symbole* de la réunion des trois fonctions* indo-européennes* de Dumézil. Il est sacerdotal par l’énergie qui rayonne de ses soies dorsales, comme le donnent à penser les représentations gauloises. Il est guerrier par son esprit combatif et impétueux lorsqu’il est attaqué. Il décorait les enseignes romaines et surtout gauloises. Il est nutritif par son utilisation dans les banquets, et notamment par sa consommation exclusive par les guerriers du Valhalla. » Jean Vertemont, Dictionnaire des mythologies indo-européennes, Faits et Documents 1997.

          Dans cette mythologie, les légendes celtiques, le sanglier (ou la laie) représente le Druide* et ses élèves sont les marcassins (mystes/ Thüler). L’ensemble figure un collège druidique. Par la suite, ils sont souvent présents sur ces chapiteaux de l’Art Roman qui en disent beaucoup plus qu’il n’y paraît, surtout les plus archaïques !

          L’opposition (III) qui fut faite entre l’Ordre des Sangliers comme représentant du sacerdoce et celui des Ours comme représentants des Guerriers ( Brahmanes >< Kshatryas in Guénon) nous semble excessive quoique intéressante et sans doute influencée par le devenir druidique post-chrétien, renforcé de l’influence récente de l’Indouisme. La connaissance de l’indouisme à grandement facilité le mythologie comparée mais, une certaine “mode” spiritualiste a sans doute ouvert quelques voies sans issues…


màj. proposée parf < fdes1@hotmail.fr > : Guénon lui-même, se reprenant, écrit : « À l’origine, l’autorité spirituelle et le pouvoir temporel n’étaient pas séparés comme deux fonctions différenciées, mais unis dans leur principe commun et l’on retrouve encore un vestige de cette union dans le nom même des druides (dru-vid “force-sagesse”, ces deux termes étant symbolisés par le Chêne° et le Gui°) ; à ce titre, et aussi en tant que représentant plus particulièrement l’autorité spirituelle48 à laquelle est réservée la partie supérieure de la doctrine, ils étaient les véritables héritiers de la Tradition Primordiale et, le symbole essentiellement “boréen”, celui du sanglier, leur appartenait en propre. Quand aux Chevaliers (cf. art. Blasons #1), ayant pour symbole l’Ours (ou l’Ourse Atalante!) on peut penser que la partie de la Tradtion qui leur était plus spécialement destinée comportait surtout les éléments de la Tradition Atlante : et cette distinction pourrait peut-être même aider à expliquer certains poijnts plus ou moins énigmatiques de l’histoire ultérieure des traditions occidentales… »


Bronze “runoïde” d’Uxama/ Celtibérie.

Chez leurs cousins Indous : nous retrouvons le sanglier Varâha49 comme troisième des dix avatars de Vishnu : les Indous qualifient d’ailleurs notre époque de “Cycle du sanglier blanc”, Shwêta-varâha-Kalpa ce pourquoi, d’ailleurs, la “terre sacrée” est appelée Varâhi ou la “Terre du Sanglier”…
          C’est en effet “sous l’avatar d’un sanglier que Vishnu ramena la terre à la surface des eaux et l’organisa, puis il s’enfonça dans la terre pour atteindre la colonne de feu pendant que le Hamsa-Brahma en rechercha le sommet dans le ciel (cf. Grue sacrée/ Cygne, supra)n. Ainsi Indra vainc le "sanglier aux dents de fer" (la foudre du ciel) et domestique le feu (du volcan)n” : ne sommes-nous pas là – une fois de plus – devant le séisme qui provoqua le Déluge* submersion de l’Atlantide* boréenne ?…
          Citons, Guénon car, quoiqu’il ait fait de sa vie personnelle ultérieure (son “mysticisme exotique”), ce fut un chercheur explorant les mêmes chemins “culturels” que nous : « Voyons le nom de Varâhi : elle est considérée comme un aspect de la Shakti de Vishnu ce qui, étant donné le caractère “solaire” de celui-ci, montre immédiatement son identité avec la “serre solaire” ou “Syrie50 ” primitive dont nous avons parlé dans La Science des Lettres et la Terre du Soleil, et qui est encore une des désignation de la Tula hyperboréenne*, c’est à dire du
centre spirituel primordial

Chez les Gallo-Romains : « Sur un autel* découvert dans les Vosges, le dieu au maillet51 et son chien sont figurés au dessus d’un groupe de sept bustes de femmes. La face latérale droite de l’autel représente un sanglier debout au pied de l’Arbre du Monde, l’axe de rotation de la terre. Le caractère primordial accordé à cet animal sacré* entre tous, car détenteur de l’autorité spirituelle, symbolisa un pôle immuable. » Michel Guillery, Aux origines du sanglier sacerdotal, Revue Ordos N° 3, Nov. 1994.
          Rappelons donc ici que la constellation de la Grande-Ourse porte un nom récent : c’était autrefois, en Gaule, “le Sanglier”.

Tourisme : La commune de Croze (B) abritait la très importante commanderie templière* Sainte Anne (leur patronne) et les étonnants chapiteaux de l'église du XIIème siècle illustrent une “chasse au sanglier”…

L’action de l’Église* :
Alors que ce sanglier représentait dans notre Ancienne Culture le Grand Druide* dans ses fonction de sage et de protecteur/ guerrier plus couramment dévolue à l’ours* chez les germains52, l’Église allait le diaboliser et lui faire endosser la responsabilité des cataclysmes, des épidémies, et aussi des combats fratricides qu’Elle-même promouvait (cf.§Diable in art. Église*)…
          Notre sanglier fut ensuite confondu dans le légendaire post évangélique avec Fenrir le dévoreur qui mit le Nord européen sans dessus dessous lors de la Grande Submersion boréenne et il devint pour les clercs† une figure symbolique du paganisme* sans cesse renaissant car :



          C’est pourquoi les légendes celtiques sont presque incompréhensible sans utiliser cette double grille explicative : il y eut une extinction partielle de l’ancienne culture sous l’action des déluges*, certes, mais s’y s’ajouta la destruction inversion systématique de ses restes par un christianisme éminemment concurrentiel qui fut un véritable déluge spirituel pour nos civilisations du Nord.

          Cependant, notre sympathique “Truie Blanche” allait s’avérer indéracinable pour le Christianisme. Il lui fallut donc inventer saint Antoine53 (Anton) et son cochon qui, “d’une pierre faisant deux coups”, porte sur sa chasuble le Tau ou marteau de Thor ou “béquille” héraldique, qui est aussi un Irminsul… archaïque ! D’où les légendes de guérisons miraculeuses qui allaient dériver vers les églises les ex-voto que les paysans destinaient aux sources sacrées, leurs Nymphes…




Folklore : Bien sûr, les petits gâteaux en forme de sanglier cuits dans la cendre ont été récupérés en même temps que les béquilles, par les moines de l’abbaye de Saint-Antoine près Saint-Marcellin (Mars <–> Thor) en Dauphiné. On retrouve aussi nos petits cochons en pain d’épice dans les fêtes foraines, pour le plus grand plaisir de tous ceux qui se sentent un peu Gaulois… (et Ardennais) “quelque part”.



Deva Arduina, Jura, (M.a.n.)


Dans le Folklore : Aujourd'hui encore, chaque année pour la Fête* de Jul*, on mange du sanglier à l’Université d’Oxford tout comme les Dieux en Asgaard !

Dicton : Il nous reste aussi ce curieux dicton qui nous semble bien évocateur : “Si les petits cochon ne vous mangent pas" !

Le conte
des “Trois Petits Cochons” : ils représentent trois phases de l’initiation* druidique, un chemin vers la connaissance technique et spirituelle et le plus savant y est aussi le plus courageux : comme on est loin des mièvreries américaines54

Lieux-dits : le sanglier a donné son nom aux Gaulois Cadurques ou Cadurci, qui fondèrent la ville de Cahors en Quercy, du gaulois Catu-turko55sanglier de combat”.
          Comment le sanglier ne serait-il pas sacré dans nos région, lui qui sait déterrer les truffes “produites par la foudre”, et qui “se nourrit des glands du chêne sacré” car : « le Twrch Trwyth représente la Tradition celtique vivante préservée derrière un mur de verre, sur une île au delà de l’océan. Il réapparaîtra au grand jour au terme du cycle obscur… » Gwern Arzur, La chasse royale de Twrch Trwyth, Revue Ordos N° 3, Novembre 1994.


LE SAUMON


          Le Saumon sacré* remonte à la source de toute chose : il remonte aux initia, – comme nous essayons bien maladroitement de le faire – et l’on comprend alors qu’il soit le symbole d’un niveau d’initiation*, le plus élevé.

Chez les Grecs :
Il est le symbole de l’Océan, l’image de la Déesse Mère primitive, créatrice certes, mais terrible, le domaine de Nérée et de ses Néréides aux cent56 pieds, kenning ou métaphore dans lesquelles nous pouvons voir, soit la mer moutonnante aux “cent” vagues, soit les poissons innombrables peuplant l’océan qui est aussi habité par les Tritons “hommes poissons” mais aussi d’Ichtyocentaures. Ces tritons étaient en fait les pêcheurs/ chasseurs de cétacés des chefferies du Maglemose, le Grand Marais danois, qui s’habillaient de peaux de phoque pour survivre dans ces eaux glaciales (cf. art. Narval* et Naglfar*) et c’est à ce titre qu’ils étaient les “mâles” des Sirènes* atlantes (cf.).

Chez les Nordiques :
La confusion entre Tritons et Atlantes au sens architectural comme supports de balcon ou de voûte – comme Atlas supporte la voûte du ciel Ouranos – donne à penser qu’il était autrefois évident que les Tritons fussent Atlantes* et, par conséquent, que leur domaine Thétys (Cétus) était le Grand Marais alimenté par le Fleuve Baltique, l’Eridan/ Eider archaïque des Boréens…
          L’affreux Loki se changea en saumon après qu’il eut hypocritement poussée l’aveugle Höder à tuer son frère Balder (Å Apollon*) “en jouant” au lancer du rameau de Gui57 sacré*. Il tenta alors d’échapper à la colère des dieux Ases* en se cachant sous la cascade Franang. Mais il y fut pris grâce au filet qu’il avait lui-même inventé : « Tel est pris, qui croyant prendre ! »…


Chez les Celtes : Le saumon s’appelle Eo58 en breton et en Gallois. C’est le symbole de la connaissance car “il a bu l’eau dans laquelle étaient tombées les baies59 de l’If” (Thuya –› Thyone). Il fait donc partie du repas traditionnel des druides et est un symbole d’immortalité (celle de l’Esprit, transmis au clan* par l’initiation*) : dans leurs “transformations” rituelles, il achève leur initiation, il est l’homologue du sanglier et correspond à une classe initiatique probablement réservée aux druidesses  

Chez les Indous : le “poisson” est la monture de Varuna.

Au moyen Orient : « Notons que le mot salma ou “saumon” a donné le nom du titre royal chez les Kéniens ancêtres du roi David, chez les Phéniciens (Sélim, un mot qui est passé chez les Musulmans), chez les Assyriens (Salman), chez les Grecs et les Crétois du minoéen récent (Salmoneus). C’est ce titre qui fut également adopté par le roi Salomon… » J–P. Ronecker, op. cit.

Blasons : Le Saumon est présent sur les écus et faussement blasonné* en Ichtyos chrétien (cf. Glasgow in art. Blasons*). En Provence, c’est l’esturgeon, un poisson qui remontait le Rhône en Mai


LE SCARABÉE :

voir développements dans notre § Escarboucle in art. Blasons*, et art. Graal*.



Python, le Dévorateur de l’Âge d’Or
60

LE SERPENT


          « Il symbolise les transformations temporelles (et la renaissance, par ses mues annuelles)n ; la fécondité (par sa forme phallique et par sa curieuse ovo-viviparité)n ; et la pérennité ancestrale. » Gilbert Durand, op. cit.

          Comme Ouroboros cyclique, il représente l’enchaînement mutuellement fécondant de la Vie et de la Mort et le prototype du Zodiaque comme l’indique le Codex Vaticanus figurant un serpent portant sur ses écailles les signes des constellations ce qui est bien la description de notre serpent runique*…

          « L’idée d’un serpent couché au pied d’un arbre est un lieu commun61 : l’Arbre des Héspérides est gardé par un serpent, Siegfried tue le dragon62 au pied d’un tilleul, le cobra indien Ananda se love au pied du ficus religiosa Açvatta, le frêne Yggdrasil, l’Arbre cosmique, est rongé à sa racine par le serpent Niddhog (Wurm)n
Les exemples sont nombreux de ce rapport entre le serpent et l’arbre, particulièrement à propos du caducée* (cf.), arbre bâton autour duquel s’enroule le serpent… » A. H. Krappe, La Genèse des Mythes, Payot, 1952.

          Citons quelques uns des serpents effleurés dans cet ouvrage : l’Ouroboros, le Wurm de la Flûte* enchantée, la Kundalini (le serpent intérieur des Indou qui figure vitalité et évolution spirituelle), le Noeud de vipères, l’Amphisbène, le lézard et le Dragon*, la Vouivre et Mélusine*, Python, ceux qui conférèrent le don de voyance à Cassandre et Hélénos son jumeau*, celui du temple de Kos dont l’antre est l’ancêtre du tronc de nos églises*, celui d’Asklépios/ Aesculape et Hygéa et ceux de la veillée initiatique sous la Tholos de Delphes, Rhéa qui se change en couleuvre pour échapper à Zeus (cf. Déluge nordique/ Ragnarök) et que Mercure/ Kronos réunit, etc. etc……


Isis, Uraeus et Asclépios en “noeud d’amour”
ou “nœud d’Hercule”.


          Les regrouper ici reviendrait à faire à nouveau un article important et d’autres l’on fait si excellemment avant nous, Clairet entre autres ! même si nous y ajoutons souvent un grain de sel plus nordique, plus “boréen”…

          La Mythologie en fait un “dieu” chthonien : un agitateur sous-terrain, ce qui nous rapproche ncore de la terrible Niddhog qui “monte sur la terre pour la submerger” et provoque ainsi le Ragnarök ou Déclin des Puissanses nordiques. Et tous remarquent que le serpent se déplace à la vitesse de l’éclair  (cf. art. Runes*) !


Scène de Tauromachie
Vase étrusque 6ème s. AEC, Florence.

LE TAUREAU


          Le Taureau est présent dans nos civilisations européennes depuis 5.000 ans au moins avec l’installation de la civilisation des vases campaniforme. C’est un animal cosmophore63 : « On sait que depuis les débuts de la protohistoire, la planète a été successivement placé sous le signe du Taureau, du Bélier, du Poisson, du fait de la précession des équinoxes… » Clairet. (le prochain étant le Verse-Eau ; cf. art. Astronomie*).

          « Par son mugissement il évoque le grondement du tonnerre, annonciateur de la pluie bienfaisante et espérée. Ce mugissement grave, prélude au reuissellement de l’eau, sert par métaphore aux harpes et aux lyres sumériennes, dont la caisse de résonance s’orne d’une majestueuse tête de taureau placée sous les cordes dont les sons imitent le crépitement de la pluie. Le taureau est alors l’attribut du grand dieu de l’orage, adoré dans tout le proche orient sous des noms divers : Hada, Baal sont les précurseurs (?)n directs de Zeus* et Jupiter. » Annie Caubet, in Picasso sous le soleil de Mithra, RNM 2001.



          Le taureau figure la renaissance annuelle du Monde (la Terre) : la Grande Hiérogamie* (conjonction) du Soleil et de la Lune se fait dans le signe du Taureau tous les 19 ans. Sur l’image ci-dessus, tient-il le “cercle de l’année” (Ouroboros) ou celui de la Grande année de précession des signes du zodiaque (qui commence après lui) ? (cf. art. Astronomie*)

Chez les Nordiques : sa compagne, la vache, est Audumla (cf. Abondance*), et nous avons vu sa présence dans l’anthropogonie nordique “les glaces se retirent pour laisser paître Audumbla64 ce qui permit aux géants* Thurses de s’abreuver à ses quatre pis”.
          À Uppsal, le taureau Thor est présent dans le Temple du Soleil. Le Taureau blanc, ou “boeuf blanc”, symbole de force et de fécondité, était sacrifié sur l’Irminsul* d’un seul coup du marteau de Thor*, outil que nos bouchers sacrificateurs appellent toujours un… merlin !


Chez les Celtes* : « Le taureau était un animal sacré* et sa mise à mort un symbole de la fin du monde. » Alain Daniélou. C’était donc là un rite* commémoratif.

          La vache est l’avatar nécessaire dans laquelle doit se métamorphoser le Druide*. Chez les Celtes insulaires, le vol d’un troupeau semble être un rite d’initiation* du type des épreuves réservées aux kouroï grecs ou peut-être même, au seuls candidats à la royauté : là aussi, c’est probablement une commémoration ?

          Le taureau se retrouve dans le nom ou l’enseigne de diverses tribus : les Taurini de Gaule cisalpine, fondateurs de Turin ; les Taurisqui d’Aquitaine (on pensera ici à la Tarasque de Tarascon en Provence ; les Brigitarus ou “Toro du Pays” (bro “pays” –> Breiz ma Bro “Bretagne ma Patrie”, et briga “hauteur”) ; les Déiotarus “toro divin”…




Chez les Grecs : On retrouve le taureau dans le mythe de Zeus et dans celui du pseudo enlèvement d’Europe, dans celui d’Hercule et son périple des bœufs de Géryon.

           « La fille d’Inachos, roi d’Argos, était prêtresse d’Era/ Héra (la Déesse Mère… du Marais). Séduite par Zeus, il la transforma en génisse blanche pour la soustraire à la jalousie d’Héra. Mais elle ne fut pas dupe et, l’ayant obtenue de Zeus, elle la fit garder par Argus Panoptès (au cent yeux, cf. Paon) un surhomme qui avait dompté un taureau géant qui désolait l’Arcadie et tué le monstre Echidna (cf. art. Déluge*). Zeus chargea Hermès de tuer Argus mais Héra, méfiante, la fit harceler par un taon furieux qui la poursuivit jusqu’au détroit du Bosphore (appelé depuis “le passage de la vache”) puis en Égypte où elle retrouva sa forme humaine et devint… Isis65 la prophétesse… »
          Tout ceci n’est pas sans rappeler l’Enlèvement d’Europe mais nous verrons par ailleurs qu’il s’agit en fait d’un pseudo-enlèvement, de la description erronée d’une peinture murale ou d’une céramique montrant la capture du taureau blanc du sacrifice : ceci est un exemple typique “d’iconotropie” qu’a caractérisé Robert Graves.

          « Le Taureau devait être capturé sans armes, seulement avec un lien* et n’être abattu qu’avec la massue… » (cf. Hercule) : lors du sacrifice, le merlin s’abattait sur le taureau comme “Foudre de Zeus (ce qui est resté un juron populaire)…

          
En fait, le sacrifice concernait deux boeufs blancs, attachés à un joug (bouzygé en grec), ce qui est un rite d’action de grâce envers l’inventeur du Joug qui permit le labourage linéaire, un remerciement envers le Grand Ase/ Zeus lui-même. Mais pour les grandes Fêtes* à la Déesse-Mère, sous sa forme d’Hécate – probablement, à l’origine, pour des Danses de la Pluie – il fallait nourrir toute la tribu, on abattait alors cent bœufs : c’était là, littéralement, une hécatombos66  :

          Le taureau blanc est le symbole de Dionysos-de-Delphes que certains assimilent à Héraklès (l’oracle). On se rappellera cet épisode de la Mythologie dans lequel les Taureaux d’Apollon furent dérobés par Hermès à la suite de quoi il dut donner sa lyre en carapace de tortue – sur laquelle était tendue une peau de boeuf – à Apollon pour se faire pardonner (on verra aussi un vol de ce genre dans l’article romancé Ulysse* et Nausicaa mais, il pourrait bien s’agir en fait du vol de lingots d’airain67 ou de bronze qui étaient nommés des “taureaux” et en avaient la forme).



          On retrouve notre Taureau offert par les Dieux à Minos chez lequel il devient le Minotaure crétois, “la créature de la lune”, un masque* rituel. On se rappellera qu’à cause des soi-disant “fantaisies” de Pasiphaé68 qui provoquèrent un manquement à la parole donnée, “de jeunes Athéniens devaient lui être offerts”…
          Mais tout ceci se doit d’être décrypté car il peut fort bien s’agir d’un accord pour repeupler la Crête dévastée par le raz de marée provoqué par le glissement de la caldéra dû à l’explosion de Théra* (cf. aussi Thésée, Ariane, Dédale, Danse* de la Grue, et Francisque*). Il est d’ailleurs certains que dans ce rite*/ danse*, la reine Pasiphaé portait le masque* de la Vache alors que son époux portait celui du “Taureau de Minos” : danse propitiatoire de fécondité… retrouvée !

          Et pourquoi ce Minotaure s’est-il retrouvé tansformé en monstre ? Parce qu’il y eut une collusion entre cet ancien symbole de fécondité et la puissance dévastatrice du taureau qui charge (i.e. le terrifique Théra), figure dont on trouve de nombreux exemples dans la mythologie ! Quand à Ariane/ Ariadne, l’arachnée pendue au bout de son fil et recommençant patiemment son ouvrage… labyrinthique (!). elle nous en ramène Thésée qui était prisonnier du sombre et grand Hiver, un “Héros Solaire” re-naissant typiquement indo-européen* et très dionysien.
          Nous sommes là, manifestement, devant un multitricottage des conteurs… multi-ethniques 69, remis en forme par un écrivain – romancier de l’époque – baptisé un peu vite “mythologue”… (après tout : on a bien le droit d’en parler sans être pour autant un “spécialiste” des comparaisons et donc du décryptage : c’est mon cas.)

          La légende de Tâlos70 nous dit que cet “homme de bronze” serrait les Crétois contre son sein, et sautait avec eux dans le feu, de sorte qu'ils étaient brûlés vifs. On dit aussi que c’est Zeus* qui l'avait donné à Europe (!) ou Héphaïstos à Minos pour garder l'île de Crête qu'il parcourait trois fois par jour. Selon Appolodore, c'était un taureau et, selon Hésychius c’était...
le Soleil !
          « Il ne faisait probablement qu'un avec le Minotaure71 et, dépouillé de ses traits légendaires,
n'était qu'une image en bronze du Soleil représenté sous les traits d'un homme à tête de taureau. » Frazer… mais en y incluant des éléments destructeurs du genre de la figure de Phaéton (cf. art. Déluges*).

À Rome : Le taureau est, semble-t-il, capable d’annoncer la pluie par ses beuglements et ses compagnes restent sous la pluie et non sous les arbres qu’elles ne fréquentent que pour leur ombre ! Mais sait-on encore le comprendre de nos jours? L’Église* a tellement diabolisé les “connaissances” des Haruspices étrusco-romains qu’elles en sont devenues de vulgaires superstitions à rejeter dans les limbes !

En Étrurie : sur la lampe à huile de Cortone (cf. illust. in art. Sirènes*) on voit douze visages portants cornes de taureau, celui d‘Alcinoos (cf. infra), qui figurent le zodiaque. De même, on dit que “dans le Temple* de Salomon douze taureaux supportaient une mer de bronze” et pour les Babyloniens : « au commencement… était le taureau. »



Au Portugal : ces “azuléros” figurent une hiérogamie* entre Alcinoos et la Déesse Mère, tous deux manifestement siréniens* ! Ainsi ce Dieu Taureau est-il poséidonien, digne fils du Taureau “ébranleur du sol”, ou bien alors cette figure nous parle des enfants atlantes du dieu Neptune qui régne sur l’Atlantique depuis l’Atlantide* boréenne maintenant dans “l’eau de là”… ?

Aux Indes :
le Taureau est le symbole d’Indra. Le taureau Nandi est chevauché par Shiva puis par Durgâ (“bien” et “mal”).
          La vache sacrée fut “fabriquée” par les Rhbus, puis sa dépouille servit à en fabriquer une seconde qui avait le pouvoir de redonner la beauté à une jeune fille représentant… l’Aurore : mythe* bien proche des nôtres !


En Égypte :
Mnevis à Héliopolis, Omphis ou Bacis à Hermuntis, le taureau Apis et la vache Hathor. À Menphis, Apis consacré à Osiris porte sur ses corne le croissant d’Isis. D’aucun ont vu Apis dans l’origine du nom de Priape : pri-apis !…



Barrès M., Du Sang, de la Volupté et de la Mort, UGE 1986.
Blasco Ibanez V., Arènes sanglantes, Calmann-Lévy, 1964.
Malraux A., L’Espoir, Gallimard 1989.
Matzneff G., Le Taureau de Phalaris, Table Ronde 1987.
Montherland, Henri de, Les Bestiaires, Gallimard 1963.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 

Màj 18 juin 03 : voulez-vous lire maintenant la Thèse de Doctorat Vétérinaire de notre correspondanr Ludovic Bellis <ludobellis@hotmail.com> intitulée Contribution à l’Étude du Symbolisme Animal dans la Mythologie Nordique ? Alors cliquez sur :
[belitez1.pdf], après retour cliquez/ [belitez2.pdf] et, enfin/ [belitez3.pdf]

Remarque générale :


          La Grue-Cygne, le Corbeau et l’Aigle
sont les oiseaux les plus divinisés et, comme nous venons de le voir, nos ancêtres avaient une vie totalement intégrée avec le monde animal et la nature : pour eux il n’y avait pas d’arrière-monde déréalisant ! En fait, c’était un monde très « ecco… logico » comme le disait Ar Om72 , un de nos correspondants italiens : “c’est… logique” !

          Individuellement les Romains ne tuaient pas le Boeuf, le Coq, l’Oie et la Truie : ces animaux sacrés que nous étudions dans les art. Atlantide*, Mythologie* nordique (coq rouge, Gullinkambi), ou dans ceux parlant de la Grue* ou des Druides* (le Twrth trwith), ainsi que dans Ulysse* (Alcinoos), étaient en fait

réservés aux sacrifices rituels et aux banquets populaires
qui les accompagnaient :

C’était la Fête* !



  <–click–>  


1ère parution 1er août 01, màj 13 sept. 04 - - -